Ballades d'un arlequin Ballades d'un arlequin (1979)

 

textes et musiques BH sauf indications

  1. Petit Arlequin écouter un extrait

  2. Croire ou pas croire écouter un extrait

  3. L'enfant nu écouter un extrait

  4. Bonhomme de neige texte Gaëtan de Courrèges - musique BH écouter un extrait

  5. Le vieil homme écouter un extrait

  6. J'ai souvenir d'un temps lointain écouter un extrait

  7. Amours, amours où êtes-vous? écouter un extrait

  8. Ma petite étoile écouter un extrait

  9. Ballade pour oublier écouter un extrait

  10. Noël en novembre écouter un extrait

  11. Joie distraite texte BH - musique L. van Beethoven écouter un extrait

  12. Chanson à la mode écouter un extrait

 

1. Petit arlequin écouter un extrait

Paroles et musique Bernard Haillant
septembre 1975
 
Ce matin
Petit arlequin,
Pâle et sans entrain
Comme un jour sans pain,
Ce matin
Petit arlequin,
Miséreux pantin,
Chantait son chagrin.
 
1
– Qui m’a fait si mauvaise mine,
D’un coup de crayon sur mes mots d’amour ?
– Qui t’a fait si mauvaise mine ?
 
Dis-toi bien
Petit arlequin,
Y a des gens de bien
Qu’ont le cœur hautain,
Dis-toi bien
Petit arlequin,
Y a des bons à rien
Qu’iront très loin.
 
2
– Qui a mangé mon blé en herbe,
Ce blé sur ma vie semé tendrement ?
– Qui a mangé ton blé en herbe ?
 
Dis-toi bien
Petit arlequin,
Y a des gens de bien
Qui envient ton pain,
Dis-toi bien
Petit arlequin,
Y a des bons à rien
Qu’iront très loin.
 
3
– Qui a bien pu fermer la cage
Sur mon bel oiseau prêt à s’élancer ?
– Qui a bien pu fermer la cage ?
 
Dis-toi bien
Petit arlequin,
Y a des gens de bien
Qui te tiennent en main,
Dis-toi bien
Petit arlequin,
Y a des bons à rien
Qu’iront très loin.
 
4
– Mais qui a bien pu ronger la corde
Sur laquelle alors tu funambulais ?
– Qui a bien pu couper la corde ?
 
Ce matin
Petit arlequin,
Quelques bons à rien
Sont allés trop loin,
Ce matin
Petit arlequin,
Y a des gens très bien
Qu’ont du sang aux mains.
 
Et le p’tit chanteur
A perdu son cœur.



2. Croire ou pas croire écouter un extrait

Paroles et musique Bernard Haillant
décembre 1976
 
1
Dis-moi comment croire ou pas croire
Au grand jour, au grand soir,
Aux allées souveraines,
Aux marches triomphantes,
Aux lendemains qui chantent.
 
Dis-moi comment croire ou pas croire,
Drapeau blanc, drapeau noir,
Pancartes, étendards,
Graffitis et bannières
Me font les yeux amers.
 
Il fait froid ce matin,
Le ciel est mal rasé,
Les hommes me vont mal
Et j’aimerais dormir,
Il fait froid ce matin,
Le ciel est mal levé
Et me bâille à la tête,
Il fait froid ce matin
Et la vie me va mal
Et me réchauffe pas.
 
2
Dis-moi comment croire ou pas croire,
Jour défaite, jour de gloire,
L’un et l’autre distillent
Un parfum malhonnête
Qui me tourne la tête ;
 
Dis-moi comment croire ou pas croire
Au pain blanc, au pain noir,
Chaînes de la tendresse
Ou travail à la chaîne,
Quel boulet vaut la peine ?
 
Il fait froid ce matin,
Le ciel est mal luné,
Les enfants vont en rangs
Quand ils voudraient courir,
Il fait froid ce matin,
Le ciel est enrhumé
Et leur crache à la tête,
Il fait froid ce matin
Et la vie leur va mal
Et les réchauffe pas.
 
3
Dis-moi comment croire ou pas croire,
Sexe honteux, sexe espoir,
Prisonnier libéré,
Ma porte s’est ouverte
Sur un monde fermé…
 
Il fait froid ce matin,
Tu vas te rhabiller
Car l’amour me va mal
Quand il gèle à cœur fendre,
Il fait froid ce matin
Et le ciel dégoûté
A détourné la tête,
Il fait froid ce matin
Et la vie qui va mal
Ne nous réchauffe plus.



3. L'enfant nu écouter un extrait

Paroles et musique Bernard Haillant
1976 - 1977
 
1
Une fleur nue tendit ses lèvres
Jusqu’à soleil nu plein les lèvres,
 
refrain
 
Alors
Le monde a changé (ter)
Mais ce n’est qu’après (bis)
 
2
Qu’un homme nu connut les lèvres
De femme nue et douce aux lèvres,
 
3
Qu’un enfant nu jaillit des lèvres
De femme nue et grosse aux lèvres,
 
4
Que l’enfant nu ferma ses lèvres
Avec la nuit nue jusqu’aux lèvres,
 
dernier refrain
 
Alors
Le monde est mal fait (ter)
Peut-être qu’après (bis)
Après…

 


4. Bonhomme de neige écouter un extrait

Paroles Gaëtan de Courrèges
Musique Bernard Haillant
1972
 
1
Il a surgi de mon jardin
Comme un enfant sort des nuages,
Je ne saurai jamais très bien
Le distinguer du paysage.
La neige avait fleuri sa manche,
J’ai cru qu’il me tendait la main,
Le ciel est gris, la terre est blanche,
Y aura des fleurs sur mon chemin.
 
refrain
Bonhomme de neige.
 
2
J’ai cru qu’il me tendait la main
Pour écouter ses Amériques,
L’y eut des fleurs sur mon chemin
Quand il entonnait mes cantiques.
J’ai troqué sa fausse couronne
Contre mon béret d’écolier,
J’ai cru bien faire qu’il me donne
Son vieux balai et son panier.
 
3
Contre son béret d’écolier
J’ai dit le soleil et la plage,
Mon vieux balai et mon panier
Ont récolté le vent du large.
Je n’étais pas doué, je pense,
Il a pris peur de mes étés,
Il a boudé sur mes vacances,
Trouvé mon ciel trop éloigné.
 
4
Il a pris peur de mes étés
Lorsque ma main fondit la sienne,
Trouvé mon ciel trop éloigné
Quand j’ai prié qu’il me le tienne.
Mais un hiver prochain, peut-être,
Il surgira de mon jardin,
Noël de froid, hiver de fête,
Je ne saurai jamais très bien.
 
dernier refrain
Bonhomme de glace…

 


5. Le vieil homme écouter un extrait

Paroles et musique Bernard Haillant
février 1976
 
1
C’est un vieil homme à moustache jaunie,
Le crâne blanc, le regard de l’enfance,
Rose fanée, foutue machinerie,
Tu as bien su garder ton espérance…
 
S’en vient le temps,
Vieil homme au cœur si tendre,
Où tu vas passer l’horizon,
S’en vient le temps,
Mais ne peux-tu attendre,
Et nous rester quelques saisons…
 
2
Ô mon vieil homme, ô toi dont j’ai rougi,
En ma si bête et si belle jeunesse,
Redis-moi tout des choses de la vie,
Raconte-moi les marées de vieillesse.
 
Où est le temps,
Vieil homme au cœur si tendre,
Où tu me tenais par la main,
Où est le temps
À cortège de cendres
Qui t’enleva de mon jardin ?
 
3
Dis, mon vieil homme, en quel pays es-tu ?
Fait-il soleil, fait-il un temps de chien,
Est-ce très loin, est-ce au coin de ma rue,
Est-il si dur ce miséreux chemin ?
 
Car vient le temps,
Voleur aux doigts de cendre,
Qui me conduit vers l’horizon,
Car vient le temps,
Vieil homme au cœur si tendre,
Où je rejoindrai ta maison.


6. J'ai souvenir d'un temps lointain écouter un extrait

Texte de Bernard Haillant extrait de « Galerie des Ancêtres »
(« Maman de Champigneulles et papa d’Harmonville-en-Xaintois »)
janvier 1969
 
J’ai souvenir d’un temps lointain,
d’une mère et d’un père,
maman quiche lorraine
dans la cuisine en fête
ouverte sur papa l’établi,
 
Nini et Crâne-Blanc,
Nini qu’a son brevet,
Crâne-Blanc qui l’a pas.
 
 
Maman a tout soigné de première grand-mère
puis première grand-mère,
sa mère,
est partie :
alors elle a soigné deuxième grand-mère.
 
J’ai vu papa pleurer un soir de premier mai
pour des histoires de défilé,
de syndicats,
des histoires d’hommes
incompréhensibles…
 
 
Maman c’était Noël
et le dépuratif des Alpes,
papa c’était Noël
et le bon vin d’Alsace,
et moi c’était Noël avec papa-maman.
 
… Oh, j’eus sûrement des claques
et de bonnes fessées !
 
Habillé tout en blanc
papa peignait partout
debout sur l’escabeau
et disait des gros mots.
 
J’ai chahuté deux fois avec maman,
c’était soleil
et puis tout…
 
 
Tout vous
faut bien qu’on vous oublie,
papa
vindicte bleu de Prusse,
rose front tout au sang,
Crâne-Blanc
c’est ta tendresse à toi
 
et celle de Nini,
maman,
celle du jour le jour,
celle de la sueur mêlée à l’encaustique
et la croix sur le front
avant de m’endormir.

 


7. Amours, amours où êtes-vous? écouter un extrait


 


8. Ma petite étoile écouter un extrait

Paroles et musique Bernard Haillant
1975
 
refrain
 
Ma petite étoile
D’araignée
Tisse sa toile
Et me fait
Comme une balle
Dans ses mains
De satin.
 
1
Tu me dis : « Comprends-moi,
Si souvent tu t’en vas
Alors, je te cloue les bras. »
Et sur ma croix d’honneur
Je rigole et je meurs
Mais tu pries ailleurs !
 
2
Tu me dis : « J’aimerais
M’en aller, respirer,
Chez toi je me sens faner. »
Et moi, dans tes filets,
Des fourmis plein les pieds
Je te vois danser !
 
3
Tu me dis de compter,
Que tu vas te cacher,
Qu’il me faudra te chercher ;
Mais tu t’en vas trop loin,
Je t’appelle sans fin
Et je reste au coin !
 
4
Elle est partie si haut,
Au pays des oiseaux
Tisser un grand chapiteau ;
Elle est la trapéziste,
Moi, le clown un peu triste
Perdu sur la piste…
 
dernier refrain
 
Ma petite étoile
D’araignée
Dessus sa toile
Me tenait
Comme une balle
Dans ses doigts
Et voilà…
Et voilà !


9. Ballade pour oublier écouter un extrait

Paroles et musique Bernard Haillant
1975
 
1
Ballade pour un enfant,
Pour une fleur des champs,
Ballade pour cet enfant,
Cette fleur d’un printemps,
D’un instant,
 
refrain
 
Ballade pour oublier
Qu’est court le temps d’aimer,
Mon amour.
 
2
Ballade pour l’amitié,
Pour un arbre planté,
Ballade pour l’amitié
Qu’un éclair a fauché
En été,
 
3
Ballade pour un baiser,
L’écume déposée,
Ballade pour ce baiser
Au vent déjà séché,
Desséché,
 
4
Ballade pour une vie
Portée jusqu’à la nuit,
Ballade pour cette vie
D’oiseau tombé du nid
Sans un cri,
 
dernier refrain
 
Ballade pour oublier
Qu’est court le temps d’aimer,
Mon amour,
Toi
Qui vis.


10. Noël en novembre écouter un extrait

Paroles et musique Bernard Haillant
octobre 1975
 
1
Hélas c’était novembre,
Bien avant la Noël,
Juste au début du mois
Avant qu’il ne fît froid,
Hélas c’était novembre,
Chrysanthèmes à la une,
Du temps que la Toussaint
Astique un peu ses seins
De marbre,
Avant que les vitrines
Retroussant cotillons
Montrassent ces dessous
Qu’à genoux on dénoue.
 
2
Notez qu’ les p’tits, les grands,
Ils s’en battraient les choses
Si dans ces falbalas
Leurs doigts ne trouvaient pas
Tous ces trains électriques,
Et chapeaux de Zorro,
Petit’s boîtes à musique,
Admirables autos,
Poupées
Gonflables et sympathiques
Qui, de leurs gros sabots,
Bottent le cul des pauvres,
Noël, Noël, bravo !
 
3
Hélas c’était novembre,
Impôts juste payés,
Les enguirlandations
Pas encor’ connectées,
Et voici que, surprise,
Enfer et damnation,
Outrage et déshonneur,
Voici le bras d’honneur,
Le pied-
De-nez, suprême entorse
Aux règles de l’Avent,
Sans Crëche et ses chanteurs
Noël mit bas l’enfant.
 
4
Un enfant sur le pouce,
Un enfant d’avant-soldes,
Un Jésus qu’est brouillé
Vec son calendrier,
Un p’tit dieu sur son âge
En avance, et voilà,
Pleurez petits souliers,
Les sapins sont sur pied,
La dinde
Aura donc la vie sauve,
Et comme ils sont très vieux
Le bœuf et l’âne gris
Pourront souffler un peu.
 
5
Ne carillonn’ra pas
Le chœur des tiroirs-caisses
Pas plus que les plateaux
Tintant à la grand-messe,
Éteignez vos bougies,
C’est fait de vous, marchands !
Merci seigneur de nous
Délivrer des joujoux,
Ainsi
Soit-il, papa Noël,
Comme y en a ras la hotte,
Filez au paradis
Voir si des fois j’y suis !
 
Voyons, petit’ fillette,
Faut pas pleurer pour ça,
T’auras ta bicyclette
Quand nouvel an viendra…


11. Joie distraite écouter un extrait

Musique Ludwig van Beethoven
Paroles Bernard Haillant
décembre 1976
 
1
Joie distraite, humble et fidèle,
Qui palpite dans mes os,
Tu m’agites et me harcèles
Et je cherche du boulot.
 
Je cavale et je dévale
À travers plaines et hameaux
Et, de dédains en dédales,
Je vais pointer chez Renault.
 
2
Joie distraite, humble et fidèle,
Tu me fais froid dans le dos,
Si je gagne un peu d’oseille
Je paie aussi des impôts !
 
Alors
Je me cavale et je détale
De matricules en numéros,
Je me tire à tire-d’aile
Et je rentre en mon hameau,
Adieu, joie humble et fidèle,
Je chôme à tire-larigot.
 
Ciao, boulot ! (bis)


12. Chanson à la mode écouter un extrait

Paroles et musique Bernard Haillant
novembre 1976
 
Chanson à la mode
Tes mots se dérobent
Et ta tête folle
En morceaux s’envole,
Mais on te rattrape,
Un fil à la patte,
Te voilà déjà connue,
 
Mais ton cœur se brise
Car te voilà prise,
Tes couleurs se fanent
Sous un bonnet d’âne,
Plante sans lumière
Au fond des chaumières,
Te voilà déjà cocue !
 
Où sont tes printemps,
Où sont tes amours, tes ivresses,
Où sont tes coups de corps,
Tes coups de sang
Et de colère,
Jours de cafard,
Jeux de hasard,
Feux de détresse,
Toi qui te sens déjà perdue,
 
Où sont tes bonheurs rougissant
Tes joues d’écolière,
Quand tu fais la coquette
Pour une étiquette
En muselière
Sur tes accords,
Tes désaccords
Qu’on récupère,
Ta liberté tu l’as vendue !
 
Chanson à la mode
Tes mots sont commodes,
Et tu fais la fière
Dans ta bonbonnière,
Comme un coq en pâte,
Ton fil à la patte
Déjà ne te gêne plus…
 
Épilogue
et pis end…
 
Mais peut-être un homme,
Une femme, un môme,
Sans chercher problème
T’aimeront quand même,
Comme on aime un homme,
Une femme, un môme,
Et la vie te sera rendue.