Lettre d'une petite écolière... texte de Danièle Nicolas dit par Fanny Haillant
La p'tite fille du cinquième texte Michel Boutet, musique BH, interprète : Michel Boutet
Boulangerie interprète : Eve Griliquez
Je vis en négritude interprète : Angélique Ionatos
Pourquoi que les garçons s'en vont interprète : Pia Ingrao
extrait de Mon coeur de roseau
extrait de Mon coeur de roseau
extrait de Mon coeur de roseau
Dick le Mélanésien chanson originale de Dick Bône, paroles françaises : BH
1. J'ai souvenir d'un temps lointain
Texte de Bernard Haillant extrait de "Galerie des Ancêtres" ("Maman de Champigneulles
et papa d'Harmonville-en-Xaintois")
janvier 1969
J'ai souvenir d'un temps lointain,
d'une mère et d'un père,
maman quiche lorraine
dans la cuisine en fête
ouverte sur papa l'établi
Nini et Crâne-Blanc,
Nini qu'a son brevet,
Crâne-Blanc qui l'a pas.
Maman a tout soigné de première grand-mère
puis, première grand-mère,
sa mère,
est partie
alors elle a soigné deuxième grand-mère.
J'ai vu papa pleurer un soir de premier mai
pour des histoires de défilé,
de syndicats,
des histoires d'hommes
incompréhensibles...
Maman c'était Noël
et le dépuratif des Alpes,
papa c'était Noël
et le bon vin d'Alsace,
et moi c'était Noël avec papa-maman.
... Oh, j'eus sûrement des claques
et de bonnes fessées !
Habillé tout en blanc
papa peignait partout
debout sur l'escabeau
et disait des gros mots.
J'ai chahuté deux fois avec maman,
c'était soleil
et puis tout...
Tout vous
faut bien qu'on vous oublie,
papa
vindicte bleu de Prusse,
rose front tout au sang,
Crâne-Blanc
c'est ta tendresse à toi
et celle de Nini,
maman,
celle du jour le jour,
celle de la sueur mêlée à l'encaustique
et la croix sur le front
avant de m'endormir.
2.Le vieil homme
Paroles et Musique Bernard HAILLANT
février 76
1. C'est un vieil homme à moustache jaunie,
Le crâne blanc, le regard de l'enfance,
Rose fanée, foutue machinerie,
Tu as bien su garder ton espérance...
S'en vient le temps,
Vieil homme au coeur si tendre,
Où tu vas passer l'horizon,
S'en vient le temps,
Mais ne peux-tu attendre,
Et nous rester quelques saisons...
2. O mon vieil homme, ô toi dont j'ai rougi,
En ma si bête et si belle jeunesse,
Redis-moi tout des choses de la vie,
Raconte-moi les marées de vieillesse,
Où est le temps,
Vieil homme au coeur si tendre,
Où tu me tenais par la main,
Où est le temps
A cortège de cendres
Qui t'enleva de mon jardin ?
3. Dis, mon vieil homme, en quel pays es-tu ?
Fait-il soleil, fait-il un temps de chien,
Est-ce très loin, est-ce au coin de ma rue,
Est-il si dur ce miséreux chemin ?
Car vient le temps,
Voleur aux doigts de cendre,
Qui me conduit vers l'horizon,
Car vient le temps,
Vieil homme au coeur si tendre,
Où je rejoindrai ta maison.
3. Lettre d'une petite écolière... (texte)
Lettre écrite par Danielle NICOLAS, de Jussy (Moselle),
lorsqu'elle allait vers ses dix ans.
Interprétation : Fanny Haillant
Chère Mademoiselle,
Comme vous n'êtes pas venue à Jussy depuis longtemps,
je vous écris une petite lettre.
Mais il faut que je vous parle de mes bêtes.
Le coq était très gros,
et nous l'avons mangé à ma communion.
Ma petite chatte a fait trois petits chatons.
Mais deux sont morts.
Aussi il n'en reste qu'un mais il est très beau.
Quand nous sommes allés faire nos achats de communion,
j'ai vu des petits poissons rouges.
J'ai demandé à papa s'il voulait m'en acheter,
il m'a dit oui et m'en a acheté quatre.
Mais il y en a deux qui sont morts,
car il n'y avait pas assez de place dans l'aquarium.
Je vous envoie une image de ma communion
faite le 23 mai dans l'église de Jussy. Maintenant,
Mademoiselle,
je vous embrasse bien fort, ainsi que mon frère.
4. La p'tite fille du cinquième
Paroles : Michel Boutet, Musique : Bernard Haillant
1979
interprétation : Michel Boutet - Marie-Reine Haillant
La p'tite fille
du cinquième
a été enfermée
l'a mis l'feu
aux cheveux
d'sa poupée
et comme il a dit mon papa
il faut pas être bien pour faire ça.
La p'tite fille
du cinquième
va jamais
à l'école
il paraît qu'elle est folle
c'est tout' seule qu'en riant tout bas
elle joue à tu m'attrap'ras pas.
La p'tite fille
du cinquième
elle a dit
quand j's'rai grande
je serai
pas maman
ni marchande
je s'rai une vague ou un chat
je s'rai l'eau d' Cologne à papa.
La p'tite fille
du cinquième
La p'tite fille du cinquième
avait un joli rire
sur son ventre
y avait comm' un' tirelire
c'était doux d'caresser autour
quand on s'cachait dans l'fond d'la cour.
Interprétation : Eve Griliquez
1969
Ils naissent dans des fours,
Les petits fœtus !
Et quand ils sont à point,
Lorsqu'ils sont bien dorés,
Un' espèce de boulanger,
Vêtu de blouse blanche,
Un petit chapeau blanc sur chauve crâne,
Un masque blanc sur le visage,
Et les mains gantées de caoutchouc,
Un' espèce de boulanger les retire du four avec une grande pelle,
Les enfarine et les pomponne
Puis, les place sur l'étalage.
C'est chez lui,
Chez ce drôle de boulanger,
Que les parents,
En quête de progéniture
Se pressent le dimanche,
Au sortir de grand'messe,
Entre fleuriste et pâtissier,
Entre bénitier et vin cuit
Et d'un œil indécis
Choisissent :
Sera-ce un petit gros,
Un grand maigre,
Un bâtard
Ou sera-t-il ficelle ?
S'ils se réjouissent,
Les parents de ce temps,
C'est qu'ils sont libres
Et responsables !
Pour un demi-franc
Ils l'emportent bien emballé
Dans des langes de papier de soie,
Et le déballent en leur foyer.
"On a souvent besoin de petit pain chez soi"
Enseignait grand-maman !
Et quand bouge le petit,
Blond et rose à ravir,
Le regard attendri
Pépé et mémé disent
"C'est qu'on en mangerait !"
Aux petits enfants qui demandent comment Ils viennent au monde
Des éducateurs
Diplômés
Répondent:
"Les bébés gonflent dans des fours. »
Mais d'ajouter
Pour la petite histoire
"Sachez qu'autrefois
On racontait aux petits enfants comme vous
Qu'ils prenaient vie dans des roses,
ou encore dans des choux ;
Certains même disaient,
Mais ça n'était pas très sérieux,
Qu'ils sortaient du ventre de leur mère..."
1983
On m'a dit bien des choses
Et conté tant d'histoires
Que j'appris, vers ou prose,
Tout ce qu'il faut savoir,
Des plus brillants écrits
Jusques aux moins adroits,
Les plus sérieux d'entre eux
Côtoyant les plus fats !
J'ai lu, c'est un aveu,
J'ai lu, je vous le dis,
Des livres au kilo ;
Parcouru les journaux,
Du matin et du soir ;
Ecouté la radio ;
Tout ouï dans les bars,
De Barbès à l'Barbade
Et, la puce à l'oreille,
C'est juré, camarade,
Surpris tout ce qui cause
Sous notre bon soleil,
De kiboutz en kolkhoz,
D'igloos en minarets,
D'usines en bureaux,
De partout il est vrai !
Dans les confessionaux,
Les saunas, les salons,
De SAMU's en boxons ;
Dans les ports, dans les gares,
Les marchés et les squares ;
Au coeur des urinoirs ;
Dans les cours de récré
Et les queues des cinés ;
De divans en alcôves,
De Lacan à Beethoven ;
Par-delà les cantiques,
Hymnes, slogans, drapeaux,
Bravos, vivas, vétos,
Votes démocratiques ;
Au sein des défilés,
Débats et assemblées ;
En nos heureux états,
Quelqu'en soit le diktat ;
De villes en hameaux,
De limite en frontière,
Pays froids, pays chauds,
L'humanité entière,
Depuis le fond des âges,
Rêvant Justice et Paix,
Amour, Fraternité
Et autres bons usages ;
L'Humanité entière,
Affamée au repue,
Habillée ou bien nue,
Du berceau à la tombe ;
L'Humanité entière
Use des mêmes mots
Crachés comme des bombes :
- Eh, dis donc,
Qu'est-c'que c'est ?
- C'est à moi.
- Gros menteur...
- Si j'te l'dis !
- Prêt'le moi...
- Bas les pattes,
C'est moi l'chef !
- Ça va pas ?
J'suis l'premier !
- Et alors ?
- J'ai tout bon !
- T'as tout faux !
- J'ai raison !
- Non, t'as tort !
- J'suis l' plus beau !
- Moi l'plus fort !
- J'suis français !
- Toi, français !
- T'en n'as pas !
- Si, j'en ai
- Montre un peu ?
- Fils de fille !
- Répèt' le,
Tu vas voir...
Bing bang boum boum !
C'est la guerre,
bing bang boum boum
Pan ! T'es mort !
Bing bang boum boum !
C'est la guerre,
Bing bang boum boum !
Pan ! T'es...
1980
Interprétation : Angélique Ionatos
Je vis en négritude
Dans un monde de blancs,
Je vends mes inquiétudes
Dans un monde d'argent,
Heureux comm' d'habitude
Dans un monde de sang,
Je suis en solitude
Dans un troupeau de gens:
Si je suis un voyeur
C'est que le monde est clos,
Et je suis un voleur
D'avoir ce qu'il me faut,
Et je suis un menteur
Quand je pèse mes mots,
Je suis lâche et j'ai peur
De devenir idiot,
Pourtant faut vivre (bis)
mais je n'y crois pas trop,
Je prends ça comm' ça vient,
Mais je n'y crois pas trop
Sinon gare au chagrin!
J'ai si mal à mes mains
Qui ne se tendent pas,
J'ai si mal à tes poings
Qui se tendent déjà,
Mal à l'humanité,
Mal aux temps que voilà,
J'ai mal à l'amitié,
Mal à vous, mal à moi;
J'ai mal à mes désirs,
J'ai mal à mes émois,
J'ai mal à mon plaisir,
A ton plaisir à toi
J'ai si mal aux amours
Que je n'oserai pas,
Oui, mal à mes amours,
Mal à ma mort déjà...
Pourtant je chante (bis)
Mais n'y croyez pas trop,
Prenez ça comm' ça vient,
Mais n'y croyez pas trop
Sinon gare au chagrin!
J'écris des mots obscurs,
J'écris des mots absents,
J'écris des mots qui eurent
Un sens en d'autres temps,
Des mots qui se figurent
Qu'ils franchiront le temps,
De pauvres mots qui durent
Ce que dure le vent:
Un jour j'inventerai
Des mots chair, des mots sang,
Un jour j’enfanterai comme des oiseaux blancs,
Des mots pour t’envoler
Là-bas où l’on attend
Des mots bons à croquer
Comme des joues d’enfants ;
Un jour j’aurai des mots
qui respireront fort
Un jour, quand je dirai
Ton nom tu prendras corps
Un jour je banderai
un cri contre la mort
Alors je te ferai l’amour d’entre les morts
Pour que tu vives (bis)
Mais tu n’y crois pas trop,
Tu prends ça comm’ ça vient
Mais tu n’y crois pas trop,
Nom de Dieu, quel chagrin !
8.
Petit arlequin
Paroles et Musique Bernard HAILLANT
septembre 1975
Ce matin
Petit arlequin,
Pâle et sans entrain
Comme un jour sans pain,
Ce matin
Petit arlequin,
Miséreux pantin
Chantait son chagrin
- Qui m'a fait si mauvaise mine,
D'un coup de crayon sur mes mots d'amour ?
- Qui t'a fait si mauvaise mine ?
Dis-toi bien
Petit arlequin,
Y a des gens de bien
Qu'ont le coeur hautain,
Dis-toi bien
Petit arlequin,
Y a des bon à rien
Qu'iront très loin.
- Qui a mangé mon blé en herbe,
Ce blé sur ma vie semé tendrement ?
- Qui a mangé ton blé en herbe ?
Dis-toi bien
Petit arlequin,
Y a des gens de bien
Qui envient ton pain,
Dis-toi bien
Petit arlequin,
Y a des bon à rien
Qu'iront très loin.
- Qui a bien pu fermer la cage
Sur mon bel oiseau prêt à s'élancer ?
- Qui a bien pu fermer la cage ?
Dis-toi bien
Petit arlequin,
Y a des gens de bien
Qui te tiennent en main,
Dis-toi bien
Petit arlequin,
Y a des bon à rien
Qu'iront très loin.
- Mais qui a bien pu ronger la corde
Sur laquelle alors tu funambulais ?
- Qui a bien pu couper la corde ?
Ce matin
Petit arlequin,
Quelques bon à rien
Sont allés trop loin,
Ce matin
Petit arlequin,
Y a des gens très bien
Qu'ont du sang aux mains.
Et le p'tit chanteur
A perdu son coeur.
9.Pourquoi que les garçons s'en vont
Interprétation : Pia Ingrao
Paroles et musique : Bernard Haillant
1969
1. Pourquoi que les garçons s'en vont,
Ceux-là qu'ont poussé dans des troncs,
Qui ont de si larges visages
Qu'on y lisait de grands rivages
Pourquoi que les garçons désertent
Ceux-là qui ont l'oeil si alerte
La robustesse dans les bars,
Le coeur gauche et le sang si droit,
Pourquoi quittent-ils nos villages,
Pourquoi s'en vont-ils à la ville
Y chercher des bonheurs faciles
Et des filles de mauvais usages.
2. Pourquoi que les garçons s'en vont,
Pourquoi qu'ils nous laissent, les filles,
Et pourquoi vident-ils nos vies
Des danses que nous y aimions.
Pourquoi détournent-ils les yeux
Des quelques taches de rousseur
Qu'un soleil de si bonne humeur
A posé sur nos joues de feu.
Pourquoi quittent-ils nos villages
Pourquoi s'en vont-ils à la ville
Y chercher des bonheurs faciles
Et des filles de mauvais usages.
3. Pourquoi que les garçons s'en vont,
Quel sort a jeté le démon
Pour que mon Pierrot le si blond
S'enfuie aussi à la saison.
Il reste les vieux et les vieilles
Tassés sur un bac de misère
Près du muret du cimetière
Qu'ils enjambent au noir sommeil.
Cousant chacune à nos fenêtres
La robe qu'on ne doit pas mettre,
Pourquoi guettons-nous le sentier
Puisque le pont fut emporté
Au dernier orage d'été.
10. Mon cœur de roseau
(extrait parlé - 1)
1972/73
Je marche sur l'eau
Je cours dans les nues,
Je dors tout au creux
D'une sirène nue
Sur des plumes d'oiseaux
Merveilleux,
Mon coeur de roseau
Ne rompt pas.
11.
Eau salée
Paroles et Musique Bernard HAILLANT
1982
Eau salée
Eau salée
Herbe noire et mouillée
Eau salée
Coque lisse et nacrée
Roses lèvres dentelées
Algues noires couchées
Eau salée
Eau salée
Rondes lunes
Moites ravines
Oeil lagune
Mangue sanguine
Eau salée
Eau salée
Coque lisse
Conque glisse
Epousée
Eau salée
Hisse et griffe
Poisson vif
Epousé
Eau salée
Source noire ondulée
Eau salée
Verge élance
et voiles gonflent
Eau salée
Tendres vagues
Vague à vague
Epousées
Tendres vagues
Vague à vague
Epousées
Verge écume
Chaudes aygues
Chaudes aygues
Verge écume
Verge écume
Chaudes aygues
Et cri d'oiseau
Eau salée
Eau salée...
12.Mon cœur de roseau (extrait parlé - 2)
1972/73
Des fois, c'est moins beau,
Je tombe des nues,
Ell' me crève les yeux
Ma sirène inconnue
Et me rejette à l'eau
Sans adieu,
Mon coeur de roseau
Ne rompt pas.
Trop tôt ou trop tard
Mes frissons se taisent
Je rouvre les yeux
Sur des matins de glaise
Où s'accroche un cafard
Silencieux,
Mon coeur de roseau
Ne rompt pas.
L'eau, je m'en méfie,
J'ai les pieds bien sur terre,
Je dors dans un lit
Ni palais, ni misère,
Dans de beaux draps fleuris
Garantis,
Mon coeur de roseau
Ne rompt pas.
13. Femmes, filles
1973
Amour a des limites
Qui ne sait pas encore
Qu'un long voyage invite
A jeter l'ancre au port.
Vous dansez sur la berge
Et tendez vos mains pleines
Vous qui devenez vierges
Quand le flot nous amène,
Femmes, filles
S'entrouvent vos vingt ans ;
Femmes, filles
De loin vient le bateau,
Merci la vie
II arrivera bientôt.
Amour a des limites
Qui ne sait pas encore
Qu'un long repos invite
A lever l'ancre au port,
Et tu pleures au mouillage
Tes mains vides se joignent,
Les vierges font naufrage
Quand le bateau s'éloigne...
Au gré du vent,
Femmes, filles,
S'éloignent vos vingt ans.
Femmes, filles,
Au loin vont les bateaux,
Fasse la vie
Qu'ils nous reviennent bientôt.
Où que j'aille et je vienne
Tu es là chaque fois
Tant de mains sont les tiennes
Et tu ne le sais pas,
Tu meurs sur cette rive
Mais ris sur d'autres grèves,
Que je parte ou j'arrive
L'amour tombe et se lève...
Comme le vent,
Femmes, filles,
Jour et nuit n'ont qu'un temps,
Femmes, filles,
De loin vient mon bateau,
Mais, c'est la vie
II repartira bientôt...
14. Mon cœur de roseau (extrait parlé - 3)
1972/73
Mon coeur de roseau
Se plie aux orages,
Mais si je deviens vieux
Ce n'est pas d'être sage
C'est d'aller au galop
Vers les cieux.
Oui, si je deviens vieux
C'est de tous ces voyages
Et de ces grands chevaux
Merveilleux.
15. Dick le
Mélanésien (Jeune fille de beau
rivage)
chanson originale de Dick Bône, paroles françaises de Bernard Hailllant.
1971 et 1976
Prologue
Dick,
Je sais que t'as les bras solides,
Y sont durs comme l'arbre de fer,
Comme le sol de ta Calédonie,
Ton Caillou
Comme tu dis,
Y sont fort à soulever
L'enfer
S'il y en avait un
Ailleurs
Que sur la terre,
Mais il est sur la terre
Dick
Sur ma terre, sur ta terre,
Alors écoute.
Dick le Mélanésien,
Ton caillou tiens le bien,
Tiens le bien ton caillou
Ne le jette pas n'importe où,
Tiens le bien dans tes mains,
Tiens bon Dick le Mélanésien,
Va, laboure ta terre
Et vas-y grossis ton troupeau,
Et les filles de beau rivage
Auront du bon temps jusqu'à la fin de leur âge.
Dick le Mélanésien,
Ton caillou tiens le bien,
Toi qui as voyagé
Tu sais que le monde est blessé,
Continue ton chemin
Tiens bon Dick le Mélanésien,
Va, nettoie tes rivières
Et vas-y pêche ton poisson,
Et les filles de beau rivage
Auront du bon temps jusqu'à la fin de leur âge.
Dick le Mélanésien,
Ton caillou tiens le bien,
On dit qu'il fait si doux
Vivre et chanter sur ton caillou,
Que ce soit vrai demain,
Tiens bon Dick le Mélanésien,
Vas, donne lui courage
Et vas-y donne lui raison
Et les filles de beau rivage
Auront du bon temps jusqu'à la fin de leur âge
Adieu Mélanésien,
Adieu Mélanésienne,
Que votre chanson soit la mienne
Jusque dans mon pays
Qui tellement s'ennuie,
Que ton caillou féconde
Les vieilles pierres d'un foutu monde
Et les filles de tous rivages
Auront du bon temps jusqu'à la fin de leur âge.
16. Au 24 septembre (pirouette)
1984
avec la participation d'Angélique Ionatos
J'avais juste vingt ans, tous mes cheveux encore
et j'écrivais alors "Ca fait grincer des dents"
(qui n'était d'ailleurs pas ma première chanson)
Nous étions en septembre de l'année soixante-quatre
Ajoutez vingt années qui, depuis, sont passées
ainsi vous obtenez la formule suivante :
Au 24 septembre, 20 et 20 font 40 !
— Ma foi oui, quarante ans
quarante ans, M'sieur Haillant,
ça vous fera quarante ans au 24 septembre —
Oh, j'm'en doutais un p'tit peu
D'ailleurs, comme vous pouvez le voir vous-même,
là, sur le dessus, ils se sont laissé aller !
17. Le jour où nous serons vieux
25 avril 1967
1. Merci pour ce rayon de soleil sur mes lèvres
Qui me délie la langue et m'incite à chanter,
Merci pour cette eau forte qui me guérit ma fièvre
De ses pleines gorgées de vigueur, de santé.
Je t'aime sans savoir et soutire ton lait
Qui me repaït de joie, qui ne saurait tarir,
Jamais tu ne croiras que tu m'as tant donné,
Tu m'as réenfanté et je voudrais te dire
Refrain
Que le jour où nous serons vieux,
Au dernier soir de notre hiver,
Tu sais, tu pourras être fière
D'avoir rendu un homme heureux...
2. Merci pour cette brise qui veut que je respire
Et pour cet ouragan qui redresse mes reins,
Merci pour un seul mot où l'espoir sait sourire
Et pour ces poésies rejaillies de ton sein ;
Pardon si je te pille, si je te mets à nu,
Et s'il me faut ta chair, ton sang pour me nourrir,
Toi, qui toujours me donnes et ne veux de reçu
Quand je n'ai à t'offrir que ces vers pour te dire
Coda
Que le jour ou nous serons vieux,
Au dernier soir de notre hiver,
Tu sais, tu pourras être fière
D'avoir rendu un homme heureux ;
Le jour où les yeux dans les yeux
D'un baiser nous quitterons la terre,
Oh tu sais, tu pourras être fière
D'avoir rendu un homme
heureux.
18.
Ça fait grincer des dents
Septembre 1964
1. Ça fait grincer des dents
De voir sur le trottoir
Une fille qui attend
Et attend tous les soirs
Que les hommes s'amènent
Sans même gentillesse
Et la paient pour sa peine
Refusant la tendresse ;
Ça fait grincer des dents
De voir ces têtes pâles
Fardées plus que décent
Pour cacher leur moral
Et de voir que les mâles
N'en prennent pas ombrage
N'apportent que leur rage
Aux fleurs fanées du mal.
2. Ça fait grincer des dents
De voir sur le trottoir
Un mouflet de six ans
Qui pleur' sans un mouchoir
Parce qu'il a perdu
Une pièc' de vingt sous,
Pour lui c'était bien plus
Qu'un bonbon, qu'un joujou ;
Ça fait grincer des dents
De voir ce gosse pâle
Mâchuré, émouvant,
Qu'on bouscul', qu'on dit sale,
Et de voir qu'on lui crie
Qu'il bouche le passage,
Et de voir qu'on en rit
Disant qu'il n'est pas sage.
3.Ça fait grincer des dents
De voir sur le trottoir
Un clochard qui attend
Et qui se laisse choir
Mal rasé, mal fringué,
Qui tend la main en vain
Avec l'air hébété
Que peut donner le vin
Ça fait grincer des dents
De savoir que cet homme
Etait il y a vingt ans
Un amoureux, un homme,
Mais il a tant souffert
Qu'on lui tue femme et gosse
Qu'il trouva la misère
En attendant la fosse...
4. Ça fait pleurer d'amour
De voir la fille des rues
Embrasser le mouflet,
Retrouver ses vingt sous,
Lui dire des mots gentils,
Repeigner ses cheveux
Et avec son mouchoir
Essuyer ses grands yeux ;
Ça fait pleurer d'amour
De voir le gosse ému
S'en aller, et siffler,
Et donner ses vingt sous
Au clochard qui sourit
Des larmes dans les yeux,
Se dire un au revoir
Et se quitter heureux.
19. Ballade du vent qui passe
(Vole jusqu'à ta vigne)
Vers 1975
1. T'es pas dans ton assiette,
T'as un genr' d'énervement,
Comme un trou dans ta chaussette,
C'est peut-être aussi le vent.
R. Vole jusqu'à te vigne,
Vigneron, voici le vent,
Et qu'à tes yeux tu sois digne,
Que ton vin soit bon longtemps.
2. Tes amis sont moroses,
C'est p't'être un tiercé perdant
Un' contredanse ou un' cirrhose,
C'est peut-être aussi le vent.
3. Ta femme a la migraine,
C'est peut-être les enfants,
La vaisselle ou les jours qui saignent,
C'est peut-être aussi le vent.
4. Tes enfants s'font la malle,
C'est peut-être le printemps
Ou l'ras l'bol d'un'vie banale,
C'est peut-être aussi le vent.
5. Le monde en a d'ces guerres,
C'est la faute aux impuissants,
Et puis merde, y a trop d'misères,
C'est peut-être aussi le vent.
6. Y'en plein dans ta tête,
Dans la mienne y en a autant,
Du vent à faire des tempêtes,
C'est la vie, chantons gaiement.