Au 24 Septembre Au 24 septembre (1985)

 

  1. J'ai souvenir d'un temps lointain écouter un extrait

  2. Le vieil homme écouter un extrait

  3. Lettre d'une petite écolière... texte de Danièle Nicolas dit par Fanny Haillant écouter un extrait

  4. La p'tite fille du cinquième texte Michel Boutet, musique BH, interprète : Michel Boutet écouter un extrait

  5. Boulangerie  interprète : Eve Griliquez écouter un extrait

  6. Bing bang boum boum écouter un extrait

  7. Je vis en négritude interprète : Angélique Ionatos écouter un extrait

  8. Petit Arlequin écouter un extrait

  9. Pourquoi que les garçons s'en vont interprète : Pia Ingrao écouter un extrait

  10. extrait de Mon coeur de roseau  écouter un extrait

  11. Eau salée écouter un extrait

  12. extrait de Mon coeur de roseau écouter un extrait

  13. Femmes, filles écouter un extrait

  14. extrait de Mon coeur de roseau écouter un extrait

  15. Dick le Mélanésien chanson originale de Dick Bône, paroles françaises : BH écouter un extrait

  16. Au 24 septembre écouter un extrait

  17. Le jour où nous serons vieux écouter un extrait

  18. Ca fait grincer des dents écouter un extrait

  19. Ballade du vent qui passe écouter un extrait

 

 

1. J'ai souvenir d'un temps lointain écouter un extrait

Texte de Bernard Haillant extrait de "Galerie des Ancêtres" ("Maman de Champigneulles et papa d'Harmonville-en-Xaintois")
janvier 1969

J'ai souvenir d'un temps lointain, 
d'une mère et d'un père, 
maman quiche lorraine
dans la cuisine en fête 
ouverte sur papa l'établi 
Nini et Crâne-Blanc, 
Nini qu'a son brevet, 
Crâne-Blanc qui l'a pas.


Maman a tout soigné de première grand-mère 
puis, première grand-mère,
sa mère, 
est partie 
alors elle a soigné deuxième grand-mère. 
J'ai vu papa pleurer un soir de premier mai 
pour des histoires de défilé,
de syndicats,
des histoires d'hommes 
incompréhensibles... 


Maman c'était Noël
et le dépuratif des Alpes, 
papa c'était Noël
et le bon vin d'Alsace,
et moi c'était Noël avec papa-maman. 


... Oh, j'eus sûrement des claques
et de bonnes fessées !

 
Habillé tout en blanc 
papa peignait partout 
debout sur l'escabeau 
et disait des gros mots. 


J'ai chahuté deux fois avec maman, 
c'était soleil
et puis tout... 


Tout vous
faut bien qu'on vous oublie, 
papa
vindicte bleu de Prusse, 
rose front tout au sang, 
Crâne-Blanc
c'est ta tendresse à toi 


et celle de Nini, 
maman,
celle du jour le jour,
celle de la sueur mêlée à l'encaustique 
et la croix sur le front
avant de m'endormir.

 

2.Le vieil homme écouter un extrait
Paroles et Musique Bernard HAILLANT 
février 76


1. C'est un vieil homme à moustache jaunie,
Le crâne blanc, le regard de l'enfance,
Rose fanée, foutue machinerie, 
Tu as bien su garder ton espérance...

S'en vient le temps,
Vieil homme au coeur si tendre, 
Où tu vas passer l'horizon, 
S'en vient le temps,
Mais ne peux-tu attendre, 
Et nous rester quelques saisons...

2. O mon vieil homme, ô toi dont j'ai rougi,
En ma si bête et si belle jeunesse,
Redis-moi tout des choses de la vie,
Raconte-moi les marées de vieillesse,

Où est le temps,
Vieil homme au coeur si tendre, 
Où tu me tenais par la main, 
Où est le temps
A cortège de cendres
Qui t'enleva de mon jardin ? 

3. Dis, mon vieil homme, en quel pays es-tu ?
Fait-il soleil, fait-il un temps de chien,
Est-ce très loin, est-ce au coin de ma rue,
Est-il si dur ce miséreux chemin ?

Car vient le temps,
Voleur aux doigts de cendre, 
Qui me conduit vers l'horizon, 
Car vient le temps,
Vieil homme au coeur si tendre, 
Où je rejoindrai ta maison.

 

 

3. Lettre d'une petite écolière... (texte) écouter un extrait

Lettre écrite par Danielle NICOLAS, de Jussy (Moselle), 
lorsqu'elle allait vers ses dix ans. 

Interprétation : Fanny Haillant

Chère Mademoiselle, 
Comme vous n'êtes pas venue à Jussy depuis longtemps, 
je vous écris une petite lettre. 
Mais il faut que je vous parle de mes bêtes. 
Le coq était très gros, 
et nous l'avons mangé à ma communion. 
Ma petite chatte a fait trois petits chatons. 
Mais deux sont morts. 
Aussi il n'en reste qu'un mais il est très beau. 
Quand nous sommes allés faire nos achats de communion, 
j'ai vu des petits poissons rouges. 
J'ai demandé à papa s'il voulait m'en acheter, 
il m'a dit oui et m'en a acheté quatre. 
Mais il y en a deux qui sont morts, 
car il n'y avait pas assez de place dans l'aquarium. 
Je vous envoie une image de ma communion 
faite le 23 mai dans l'église de Jussy. Maintenant, 
Mademoiselle, 
je vous embrasse bien fort, ainsi que mon frère. 

 

 

4. La p'tite fille du cinquième écouter un extrait

Paroles  : Michel Boutet, Musique : Bernard Haillant

1979

interprétation : Michel Boutet - Marie-Reine Haillant

 

La p'tite fille 
du cinquième 
a été enfermée 
l'a mis l'feu 
aux cheveux 
d'sa poupée 
et comme il a dit mon papa 
il faut pas être bien pour faire ça. 

La p'tite fille 
du cinquième 
va jamais 
à l'école 
il paraît qu'elle est folle 
c'est tout' seule qu'en riant tout bas 
elle joue à tu m'attrap'ras pas. 

La p'tite fille 
du cinquième 
elle a dit 
quand j's'rai grande 
je serai 
pas maman 
ni marchande 
je s'rai une vague ou un chat 
je s'rai l'eau d' Cologne à papa. 

La p'tite fille 
du cinquième 
La p'tite fille du cinquième 
avait un joli rire 
sur son ventre 
y avait comm' un' tirelire 
c'était doux d'caresser autour 
quand on s'cachait dans l'fond d'la cour. 

 

 

5. Boulangerie (texte) écouter un extrait

Interprétation : Eve Griliquez

1969

 

Ils naissent dans des fours, 
Les petits fœtus !
Et quand ils sont à point, 
Lorsqu'ils sont bien dorés, 
Un' espèce de boulanger, 
Vêtu de blouse blanche,
Un petit chapeau blanc sur chauve crâne, 
Un masque blanc sur le visage,
Et les mains gantées de caoutchouc,
Un' espèce de boulanger les retire du four avec une grande pelle, 
Les enfarine et les pomponne
Puis, les place sur l'étalage. 

C'est chez lui,
Chez ce drôle de boulanger, 
Que les parents,
En quête de progéniture 
Se pressent le dimanche, 
Au sortir de grand'messe, 
Entre fleuriste et pâtissier, 
Entre bénitier et vin cuit 
Et d'un œil indécis 
Choisissent :
Sera-ce un petit gros, 
Un grand maigre, 
Un bâtard
Ou sera-t-il ficelle ?
S'ils se réjouissent, 
Les parents de ce temps, 
C'est qu'ils sont libres 
Et responsables !

Pour un demi-franc
Ils l'emportent bien emballé
Dans des langes de papier de soie, 
Et le déballent en leur foyer.
"On a souvent besoin de petit pain chez soi"
Enseignait grand-maman !
Et quand bouge le petit, 
Blond et rose à ravir, 
Le regard attendri 
Pépé et mémé disent
"C'est qu'on en mangerait !"

Aux petits enfants qui demandent comment Ils viennent au monde 
Des éducateurs
Diplômés 
Répondent: 
"Les bébés gonflent dans des fours. »
Mais d'ajouter
Pour la petite histoire
"Sachez qu'autrefois
On racontait aux petits enfants comme vous 
Qu'ils prenaient vie dans des roses,
ou encore dans des choux ; 
Certains même disaient,
Mais ça n'était pas très sérieux,
Qu'ils sortaient du ventre de leur mère..."
 

 

6. Bing bang boum boum ! écouter un extrait

1983

 

On m'a dit bien des choses
Et conté tant d'histoires
Que j'appris, vers ou prose,
Tout ce qu'il faut savoir,
Des plus brillants écrits
Jusques aux moins adroits,
Les plus sérieux d'entre eux
Côtoyant les plus fats !
J'ai lu, c'est un aveu,
J'ai lu, je vous le dis,
Des livres au kilo ;
Parcouru les journaux,
Du matin et du soir ;
Ecouté la radio ;
Tout ouï dans les bars,
De Barbès à l'Barbade
Et, la puce à l'oreille,
C'est juré, camarade,
Surpris tout ce qui cause
Sous notre bon soleil,
De kiboutz en kolkhoz,
D'igloos en minarets,
D'usines en bureaux,
De partout il est vrai !
Dans les confessionaux,
Les saunas, les salons,
De SAMU's en boxons ;
Dans les ports, dans les gares,
Les marchés et les squares ;
Au coeur des urinoirs ;
Dans les cours de récré
Et les queues des cinés ;
De divans en alcôves,
De Lacan à Beethoven ;
Par-delà les cantiques,
Hymnes, slogans, drapeaux,
Bravos, vivas, vétos,
Votes démocratiques ;
Au sein des défilés,
Débats et assemblées ;
En nos heureux états,
Quelqu'en soit le diktat ;
De villes en hameaux,
De limite en frontière,
Pays froids, pays chauds,
L'humanité entière,
Depuis le fond des âges,
Rêvant Justice et Paix,
Amour, Fraternité
Et autres bons usages ;
L'Humanité entière,
Affamée au repue,
Habillée ou bien nue,
Du berceau à la tombe ;
L'Humanité entière
Use des mêmes mots
Crachés comme des bombes :

- Eh, dis donc,
Qu'est-c'que c'est ?
- C'est à moi.
- Gros menteur...
- Si j'te l'dis !
- Prêt'le moi...
- Bas les pattes,
C'est moi l'chef !
- Ça va pas ?
J'suis l'premier !
- Et alors ?
- J'ai tout bon !
- T'as tout faux !
- J'ai raison !
- Non, t'as tort !
- J'suis l' plus beau !
- Moi l'plus fort !
- J'suis français !
- Toi, français !
- T'en n'as pas !
- Si, j'en ai
- Montre un peu ?
- Fils de fille !
- Répèt' le,
Tu vas voir...

Bing bang boum boum !
C'est la guerre,
bing bang boum boum
Pan ! T'es mort !

Bing bang boum boum !
C'est la guerre,

Bing bang boum boum !
Pan ! T'es...

 

 

7. Je vis en négritude écouter un extrait

1980

Interprétation : Angélique Ionatos

 

Je vis en négritude
Dans un monde de blancs, 
Je vends mes inquiétudes 
Dans un monde d'argent, 
Heureux comm' d'habitude 
Dans un monde de sang, 
Je suis en solitude
Dans un troupeau de gens: 

Si je suis un voyeur
C'est que le monde est clos, 
Et je suis un voleur 
D'avoir ce qu'il me faut,
Et je suis un menteur 
Quand je pèse mes mots, 
Je suis lâche et j'ai peur 
De devenir idiot, 

Pourtant faut vivre (bis) 
mais je n'y crois pas trop, 
Je prends ça comm' ça vient, 
Mais je n'y crois pas trop 
Sinon gare au chagrin!

J'ai si mal à mes mains 
Qui ne se tendent pas, 
J'ai si mal à tes poings 
Qui se tendent déjà,
Mal à l'humanité,
Mal aux temps que voilà, 
J'ai mal à l'amitié,
Mal à vous, mal à moi; 

J'ai mal à mes désirs, 
J'ai mal à mes émois, 
J'ai mal à mon plaisir, 
A ton plaisir à toi
J'ai si mal aux amours 
Que je n'oserai pas, 
Oui, mal à mes amours, 
Mal à ma mort déjà... 

Pourtant je chante (bis) 
Mais n'y croyez pas trop, 
Prenez ça comm' ça vient, 
Mais n'y croyez pas trop 
Sinon gare au chagrin! 

J'écris des mots obscurs, 
J'écris des mots absents, 
J'écris des mots qui eurent 
Un sens en d'autres temps, 
Des mots qui se figurent 
Qu'ils franchiront le temps, 
De pauvres mots qui durent 
Ce que dure le vent:

Un jour j'inventerai
Des mots chair, des mots sang,
Un jour j’enfanterai comme des oiseaux blancs,
Des mots pour t’envoler 
Là-bas où l’on attend
Des mots bons à croquer 
Comme des joues d’enfants ;

Un jour j’aurai des mots 
qui respireront fort
Un jour, quand je dirai
Ton nom tu prendras corps
Un jour je banderai 
un cri contre la mort
Alors je te ferai l’amour d’entre les morts

Pour que tu vives (bis)
Mais tu n’y crois pas trop,
Tu prends ça comm’ ça vient
Mais tu n’y crois pas trop,
Nom de Dieu, quel chagrin !

 

 

8. Petit arlequin écouter un extrait
Paroles et Musique Bernard HAILLANT 
septembre 1975


Ce matin 
Petit arlequin, 
Pâle et sans entrain 
Comme un jour sans pain, 
Ce matin
Petit arlequin, 
Miséreux pantin 
Chantait son chagrin

- Qui m'a fait si mauvaise mine, 
D'un coup de crayon sur mes mots d'amour ?
- Qui t'a fait si mauvaise mine ?

Dis-toi bien
Petit arlequin,
Y a des gens de bien 
Qu'ont le coeur hautain, 
Dis-toi bien
Petit arlequin,
Y a des bon à rien 
Qu'iront très loin.

- Qui a mangé mon blé en herbe, 
Ce blé sur ma vie semé tendrement ?
- Qui a mangé ton blé en herbe ?

Dis-toi bien
Petit arlequin,
Y a des gens de bien 
Qui envient ton pain, 
Dis-toi bien
Petit arlequin,
Y a des bon à rien 
Qu'iront très loin.

- Qui a bien pu fermer la cage
Sur mon bel oiseau prêt à s'élancer ?
- Qui a bien pu fermer la cage ?

Dis-toi bien 
Petit arlequin,
Y a des gens de bien 
Qui te tiennent en main, 
Dis-toi bien
Petit arlequin,
Y a des bon à rien 
Qu'iront très loin.

- Mais qui a bien pu ronger la corde 
Sur laquelle alors tu funambulais ?
- Qui a bien pu couper la corde ?

Ce matin
Petit arlequin, 
Quelques bon à rien 
Sont allés trop loin, 
Ce matin
Petit arlequin,
Y a des gens très bien 
Qu'ont du sang aux mains. 

Et le p'tit chanteur
A perdu son coeur.

 

9.Pourquoi que les garçons s'en vont écouter un extrait

Interprétation : Pia Ingrao
Paroles et musique : Bernard Haillant
 1969


1. Pourquoi que les garçons s'en vont, 
Ceux-là qu'ont poussé dans des troncs,
Qui ont de si larges visages
Qu'on y lisait de grands rivages

Pourquoi que les garçons désertent
Ceux-là qui ont l'oeil si alerte
La robustesse dans les bars,
Le coeur gauche et le sang si droit,

Pourquoi quittent-ils nos villages, 
Pourquoi s'en vont-ils à la ville
Y chercher des bonheurs faciles
Et des filles de mauvais usages.

2. Pourquoi que les garçons s'en vont, 
Pourquoi qu'ils nous laissent, les filles, 
Et pourquoi vident-ils nos vies
Des danses que nous y aimions. 

Pourquoi détournent-ils les yeux 
Des quelques taches de rousseur 
Qu'un soleil de si bonne humeur 
A posé sur nos joues de feu. 

Pourquoi quittent-ils nos villages 
Pourquoi s'en vont-ils à la ville 
Y chercher des bonheurs faciles 
Et des filles de mauvais usages.

3. Pourquoi que les garçons s'en vont, 
Quel sort a jeté le démon
Pour que mon Pierrot le si blond 
S'enfuie aussi à la saison.

Il reste les vieux et les vieilles 
Tassés sur un bac de misère 
Près du muret du cimetière
Qu'ils enjambent au noir sommeil. 

Cousant chacune à nos fenêtres 
La robe qu'on ne doit pas mettre, 
Pourquoi guettons-nous le sentier 
Puisque le pont fut emporté
Au dernier orage d'été.

 

 

10. Mon cœur de roseau (extrait parlé - 1) écouter un extrait
1972/73


Je marche sur l'eau
Je cours dans les nues, 
Je dors tout au creux 
D'une sirène nue
Sur des plumes d'oiseaux 
Merveilleux,
Mon coeur de roseau 
Ne rompt pas.

 

 

11. Eau salée écouter un extrait
Paroles et Musique Bernard HAILLANT 

1982

Eau salée
Eau salée

Herbe noire et mouillée

Eau salée

Coque lisse et nacrée

Roses lèvres dentelées
Algues noires couchées

Eau salée
Eau salée

Rondes lunes
Moites ravines
Oeil lagune
Mangue sanguine

Eau salée
Eau salée

Coque lisse
Conque glisse
Epousée

Eau salée

Hisse et griffe
Poisson vif
Epousé

Eau salée

Source noire ondulée

Eau salée

Verge élance
et voiles gonflent

Eau salée

Tendres vagues
Vague à vague
Epousées

Tendres vagues
Vague à vague
Epousées

Verge écume
Chaudes aygues
Chaudes aygues
Verge écume
Verge écume
Chaudes aygues
Et cri d'oiseau
Eau salée

Eau salée...

 

 

12.Mon cœur de roseau (extrait parlé - 2) écouter un extrait

1972/73

 

Des fois, c'est moins beau, 
Je tombe des nues,
Ell' me crève les yeux 
Ma sirène inconnue 
Et me rejette à l'eau 
Sans adieu,
Mon coeur de roseau 
Ne rompt pas.

Trop tôt ou trop tard 
Mes frissons se taisent 
Je rouvre les yeux
Sur des matins de glaise 
Où s'accroche un cafard 
Silencieux,
Mon coeur de roseau 
Ne rompt pas.

L'eau, je m'en méfie,
J'ai les pieds bien sur terre, 
Je dors dans un lit
Ni palais, ni misère,
Dans de beaux draps fleuris 
Garantis,
Mon coeur de roseau 
Ne rompt pas.

 

 

13. Femmes, filles écouter un extrait
1973


Amour a des limites 
Qui ne sait pas encore 
Qu'un long voyage invite 
A jeter l'ancre au port. 
Vous dansez sur la berge 
Et tendez vos mains pleines 
Vous qui devenez vierges 
Quand le flot nous amène, 

Femmes, filles
S'entrouvent vos vingt ans ; 
Femmes, filles
De loin vient le bateau, 
Merci la vie
II arrivera bientôt. 

Amour a des limites 
Qui ne sait pas encore 
Qu'un long repos invite 
A lever l'ancre au port,
Et tu pleures au mouillage 
Tes mains vides se joignent, 
Les vierges font naufrage 
Quand le bateau s'éloigne... 

Au gré du vent,
Femmes, filles, 
S'éloignent vos vingt ans. 
Femmes, filles,
Au loin vont les bateaux, 
Fasse la vie
Qu'ils nous reviennent bientôt. 

Où que j'aille et je vienne 
Tu es là chaque fois 
Tant de mains sont les tiennes 
Et tu ne le sais pas,
Tu meurs sur cette rive 
Mais ris sur d'autres grèves, 
Que je parte ou j'arrive 
L'amour tombe et se lève...

Comme le vent, 
Femmes, filles, 
Jour et nuit n'ont qu'un temps, 
Femmes, filles,
De loin vient mon bateau, 
Mais, c'est la vie
II repartira bientôt...

 

 

14. Mon cœur de roseau (extrait parlé - 3) écouter un extrait

1972/73

 

Mon coeur de roseau 
Se plie aux orages, 
Mais si je deviens vieux 
Ce n'est pas d'être sage 
C'est d'aller au galop 
Vers les cieux.
Oui, si je deviens vieux 
C'est de tous ces voyages 
Et de ces grands chevaux 
Merveilleux.

 

 

15. Dick le Mélanésien (Jeune fille de beau rivage) écouter un extrait
chanson originale de Dick Bône, paroles françaises de Bernard Hailllant.
1971 et 1976
 

Prologue 
Dick,
Je sais que t'as les bras solides, 
Y sont durs comme l'arbre de fer, 
Comme le sol de ta Calédonie, 
Ton Caillou
Comme tu dis,
Y sont fort à soulever 
L'enfer
S'il y en avait un 
Ailleurs
Que sur la terre,
Mais il est sur la terre 
Dick
Sur ma terre, sur ta terre, 
Alors écoute.

Dick le Mélanésien,
Ton caillou tiens le bien, 
Tiens le bien ton caillou
Ne le jette pas n'importe où, 
Tiens le bien dans tes mains, 
Tiens bon Dick le Mélanésien, 
Va, laboure ta terre
Et vas-y grossis ton troupeau, 
Et les filles de beau rivage 
Auront du bon temps jusqu'à la fin de leur âge.

Dick le Mélanésien,
Ton caillou tiens le bien, 
Toi qui as voyagé
Tu sais que le monde est blessé, 
Continue ton chemin
Tiens bon Dick le Mélanésien, 
Va, nettoie tes rivières
Et vas-y pêche ton poisson, 
Et les filles de beau rivage 
Auront du bon temps jusqu'à la fin de leur âge.

Dick le Mélanésien,
Ton caillou tiens le bien, 
On dit qu'il fait si doux 
Vivre et chanter sur ton caillou, 
Que ce soit vrai demain, 
Tiens bon Dick le Mélanésien, 
Vas, donne lui courage
Et vas-y donne lui raison 
Et les filles de beau rivage 
Auront du bon temps jusqu'à la fin de leur âge

Adieu Mélanésien, 
Adieu Mélanésienne, 
Que votre chanson soit la mienne 
Jusque dans mon pays
Qui tellement s'ennuie, 
Que ton caillou féconde 
Les vieilles pierres d'un foutu monde 
Et les filles de tous rivages
Auront du bon temps jusqu'à la fin de leur âge.

 

 

16. Au 24 septembre (pirouette) écouter un extrait

1984

avec la participation d'Angélique Ionatos

 

J'avais juste vingt ans, tous mes cheveux encore

et j'écrivais alors "Ca fait grincer des dents"

(qui n'était d'ailleurs pas ma première chanson)

Nous étions en septembre de l'année soixante-quatre

Ajoutez vingt années qui, depuis, sont passées

ainsi vous obtenez la formule suivante :

Au 24 septembre, 20 et 20 font 40 !

 

— Ma foi oui, quarante ans

quarante ans, M'sieur Haillant,

ça vous fera quarante ans au 24 septembre —

 

Oh, j'm'en doutais un p'tit peu

D'ailleurs, comme vous pouvez le voir vous-même,

là, sur le dessus, ils se sont laissé aller !

 

 

17. Le jour où nous serons vieux écouter un extrait
25 avril 1967


1. Merci pour ce rayon de soleil sur mes lèvres
Qui me délie la langue et m'incite à chanter,
Merci pour cette eau forte qui me guérit ma fièvre
De ses pleines gorgées de vigueur, de santé.
Je t'aime sans savoir et soutire ton lait
Qui me repaït de joie, qui ne saurait tarir,
Jamais tu ne croiras que tu m'as tant donné,
Tu m'as réenfanté et je voudrais te dire

Refrain
Que le jour où nous serons vieux,
Au dernier soir de notre hiver, 
Tu sais, tu pourras être fière 
D'avoir rendu un homme heureux...


2. Merci pour cette brise qui veut que je respire
Et pour cet ouragan qui redresse mes reins,
Merci pour un seul mot où l'espoir sait sourire
Et pour ces poésies rejaillies de ton sein ;
Pardon si je te pille, si je te mets à nu,
Et s'il me faut ta chair, ton sang pour me nourrir,
Toi, qui toujours me donnes et ne veux de reçu
Quand je n'ai à t'offrir que ces vers pour te dire

Coda
Que le jour ou nous serons vieux,
Au dernier soir de notre hiver, 
Tu sais, tu pourras être fière 
D'avoir rendu un homme heureux ;
Le jour où les yeux dans les yeux 
D'un baiser nous quitterons la terre,
Oh tu sais, tu pourras être fière 
D'avoir rendu un homme 
heureux.

 

 

18. Ça fait grincer des dents écouter un extrait
Septembre 1964


1. Ça fait grincer des dents 
De voir sur le trottoir 
Une fille qui attend
Et attend tous les soirs
Que les hommes s'amènent 
Sans même gentillesse
Et la paient pour sa peine 
Refusant la tendresse ; 
Ça fait grincer des dents 
De voir ces têtes pâles 
Fardées plus que décent 
Pour cacher leur moral 
Et de voir que les mâles 
N'en prennent pas ombrage 
N'apportent que leur rage 
Aux fleurs fanées du mal.

2. Ça fait grincer des dents 
De voir sur le trottoir 
Un mouflet de six ans
Qui pleur' sans un mouchoir 
Parce qu'il a perdu
Une pièc' de vingt sous, 
Pour lui c'était bien plus 
Qu'un bonbon, qu'un joujou ; 
Ça fait grincer des dents
De voir ce gosse pâle 
Mâchuré, émouvant, 
Qu'on bouscul', qu'on dit sale, 
Et de voir qu'on lui crie
Qu'il bouche le passage, 
Et de voir qu'on en rit 
Disant qu'il n'est pas sage.

3.Ça fait grincer des dents 
De voir sur le trottoir 
Un clochard qui attend
Et qui se laisse choir 
Mal rasé, mal fringué, 
Qui tend la main en vain 
Avec l'air hébété
Que peut donner le vin
Ça fait grincer des dents 
De savoir que cet homme 
Etait il y a vingt ans
Un amoureux, un homme, 
Mais il a tant souffert
Qu'on lui tue femme et gosse 
Qu'il trouva la misère
En attendant la fosse... 

4. Ça fait pleurer d'amour 
De voir la fille des rues 
Embrasser le mouflet, 
Retrouver ses vingt sous, 
Lui dire des mots gentils, 
Repeigner ses cheveux 
Et avec son mouchoir 
Essuyer ses grands yeux ; 
Ça fait pleurer d'amour 
De voir le gosse ému 
S'en aller, et siffler,
Et donner ses vingt sous 
Au clochard qui sourit 
Des larmes dans les yeux, 
Se dire un au revoir
Et se quitter heureux.

 

19. Ballade du vent qui passe (Vole jusqu'à ta vigne) écouter un extrait
Vers 1975


1. T'es pas dans ton assiette, 
T'as un genr' d'énervement, 
Comme un trou dans ta chaussette,
C'est peut-être aussi le vent. 

R. Vole jusqu'à te vigne, 
Vigneron, voici le vent,
Et qu'à tes yeux tu sois digne, 
Que ton vin soit bon longtemps. 


2. Tes amis sont moroses,
C'est p't'être un tiercé perdant 
Un' contredanse ou un' cirrhose, 
C'est peut-être aussi le vent.

3. Ta femme a la migraine, 
C'est peut-être les enfants, 
La vaisselle ou les jours qui saignent,
C'est peut-être aussi le vent. 

4. Tes enfants s'font la malle, 
C'est peut-être le printemps 
Ou l'ras l'bol d'un'vie banale, 
C'est peut-être aussi le vent. 

5. Le monde en a d'ces guerres, 
C'est la faute aux impuissants, 
Et puis merde, y a trop d'misères,
C'est peut-être aussi le vent. 

6. Y'en plein dans ta tête,
Dans la mienne y en a autant, 
Du vent à faire des tempêtes, 
C'est la vie, chantons gaiement.