1984
Du vent, des larmes et autres berceuses
30 cm. SM/Arc-en-ciel
textes et
musiques BH sauf indications
-
L'homme qui pleure
-
Signe de vie texte et musique : Charles Gancel
-
Devinette - 1ère interruption
-
J'suis plus un enfant
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Devinette - 2ème interruption
-
Berceuse croque-lune
texte BH - Céline Marol, musique BH
-
Bing bang boum boum
-
La girouette
-
Du frêle esquif
-
Eau salée
-
Musikhène instrumental
-
Berceuse de l'oiseau rouge
texte Jean-Pierre Collard dit
Jeanpico, musique BH
-
Mon copain qu'imitait les oiseaux
-
Une mort douce
-
Ballade du vent qui
passe (Vole jusqu'à ta vigne)
1.
L'HOMME QUI PLEURE
Paroles
et
musique Bernard Haillant
août
1982
et février 1983
refrain
Qu’il est
beau
L’homme qui
pleure
Qu’il est
doux
Qu’il est
chaud
L’homme qui
pleure
Devant vous
1
L’homme qui
pleure
Laissez-le
faire
L’homme qui
pleure
C’est son mystère
L’homme qui
pleure
N’est pas fou
L’homme qui
pleure
Est en
partance
En douleur
Et en
naissance
L’homme qui
pleure
Tout à coup
L’homme qui
pleure
Sans honte
aucune
C’est le
Pérou
C’est la lune
L’homme qui
pleure
Un bon coup
2
L’homme qui
pleure
Sanglote et
mouille
Corps et cœur
Se
débarbouille
L’homme qui
pleure
Tout son
saoul
L’homme qui
pleure
Mouche et
trompette
Est à coup
sûr
Un prophète
L’homme qui
pleure
Jusqu’au bout
L’homme qui
pleure
Est un oracle
Un évangile
Un miracle
L’homme qui
pleure
Peut beaucoup
3
L’homme qui
pleure
Est une
atteinte
À la pudeur
Sacro-sainte
L’homme qui
pleure
Est tabou
L’homme qui
pleure
Vous exorcise
Sa raideur
Et sa bêtise
L’homme qui
pleure
Se dénoue
L’homme qui
pleure
Est en avance
Sur son temps
Sur ses vacances
L’homme qui
pleure
– Est un
héros national –
L’homme qui
pleure
C’est mieux
qu’un mâle
C’est un
bonheur
Un scandale
Salvateur
L’homme qui
pleure
4
L’homme qui
pleure
Est
vulnérable
……………….
Et désirable
L’homme qui
pleure
Sent l’amour
L’homme qui
pleure
À chaudes
larmes
L’homme enfin
Jette ses
armes
L’homme qui
pleure
Veut l’amour
L’homme qui
pleure
Est une
offrande
Prenez-la
Dieu la lui
rende
L’homme qui
pleure
C’est l’amour
dernier
refrain
Qu’il est
beau
L’homme qui
pleure
Qu’il est
doux
Qu’il est
chaud
L’homme qui
pleure
Près de vous
2.
SIGNE DE VIE
Paroles
et
musique Charles Gancel
(du
célèbre et feu groupe Crëche)
1975
S’en
va ma vie
si
je ferme les yeux
c’est
pour ne pas voir qu’il fait noir
et
si j’ai des trous dans la tête
par
où passe le vent du soir,
c’est
que j’ai l’âme qui s’inquiète.
Je
n’ai pas de métier
si
je gâche les heures
c’est
pour ne pas voir qu’il fait vieux.
S’il
est temps de battre le fer
pour
gagner le ciel ô mon Dieu
ne
me jetez pas en enfer.
refrain
Je
vais ma vie
comme
l’on va la mer
comme
un bateau que son marin repose
il
fait du vent ce soir, il fait du vent ce soir.
S’en
vont les gens
si
je parle tout bas
c’est
pour ne pas voir qu’il fait seul
la
voix posée entre deux chaises
quand
je fais semblant d’être beau
les
pieds au bord de la falaise.
Je
n’ai pas de maison
si
je bâtis du vent
c’est
pour ne pas voir qu’il fait vide
dans
mon ventre qui vaut ma tête
dans
ce tiroir à facéties
où
parfois s’affole une mouette.
S’en
va la fille
si
je ferme mon cœur
c’est
pour ne pas voir qu’il fait pleurs
je
n’ai pas la larme facile
la
résine de mes malheurs
ne
passe pas souvent mes cils.
S’en
va l’amour
si
je ferme mes mains
c’est
pour ne pas voir qu’il fait lourd
lourd
à porter ce sanglot tiède
qui
me prend le ventre en labour
quand
je ne connais de remède.
3.
DEVINETTE
(1° interruption)
(pour
monsieur et enfants)
Dialogues,
paroles
et musique Bernard Haillant
automne
1983
Les
enfants :
Monsieur,
monsieur…
Le
monsieur :
Ben,
qu’est-c’ qui s’ passe !
Mais qu’est-c’
que vous fait’s ici ?
Un-e
enfant :
On voudrait
te poser une devinette.
Le
monsieur :
Écoutez,
vraiment, c’est pas l’ moment !
Vous voyez
bien qu’ j’enregistre, non ?
Un-e
enfant :
Oh,
fais pas cett’ têt’-là…
Un-e
enfant :
Tu
sais, ça tomb’ bien pour ton disque :
C’est
un’ devinette en form’ de chanson !
Le
monsieur :
Ouais,
ouais, j’ vois ça, c’est original…
Mais
vous tombez plutôt mal !
Alors,
tenez-vous tranquille !
Silence !
Bon,
j’y vais.
4.
J'SUIS PLUS UN ENFANT...
Paroles
et
musique Bernard Haillant
(pour
boîte à musique et flûtes à bec)
Musique :
juin
1978 (pour Gaëtus Récoudèges)
Paroles :
septembre
1983
J’ai vieilli,
J’ suis plus
un enfant,
J’ai vieilli…
– T’es un
grand,
Un parent,
N’est-c’ pas,
« Monsieur » Haillant ? –
J’
suis un grand,
Un
parent,
Un
monsieur d’ quarante ans…
Du
vent, des larmes,
Y
as-tu goûté ?
Du
jeu, des armes,
Y
as-tu goûté ?
Du
sang, des femmes,
Y
as-tu goûté ?
Tout
cri, tout flamme,
Y
as-tu goûté ?
J’ai vieilli,
J’ suis plus
un enfant,
J’ suis assis
Sur l’autre
versant…
– T’es qu’un
grand,
Un parent,
T’as mangé
ton pain blanc ! –
J’
suis qu’un grand,
De
mon temps
Mais,
qu’est-c’ que j’attends ?
Corps
ou âme,
J’ai
pas goûté,
Manche
ou lame,
Pas
goûté !
–
Souviens-toi,
Souviens-toi…
–
Il
était un’ fois un môme
Qu’aimait
la glace à la pistache,
Il
est maintenant un homme
Qu’en
met plein ses moustaches…
…
Bernard,
Couch’-toi,
il est tard !
Haillant,
Silenc’
dans les rangs !
Monsieur,
votre dentition
Est
dans un très mauvais état
Et,
pour votre punition,
Vous
devrez me copier cent fois :
Il
était un’ fois un homme
Qu’aimait
la glace à la pistache,
Il
a maintenant des mômes
Qui
s’en font des moustaches…
Ainsi
naissent les comptines
Un,
deux, trois,
Près
de toi…
J’ai
vieilli,
J’
suis plus un enfant,
J’ai
vieilli
Mais,
qu’est-c’ qui me prend ?
5.
DEVINETTE (2°
interruption)
(pour
monsieur, enfants et quatrulélé)
Dialogues,
paroles
et musique Bernard Haillant
août
1976,
puis 1978, puis automne 1983
Un-e
enfant :
Monsieur…
Le
monsieur :
Oui !
Quoi ?
Un-e
enfant :
Est-c’ qu’on
peut t’ la poser la devinette ?
Le
monsieur :
Bon, allez,
j’ vous écoute, j’ vous écoute…
Mais
dépêchons, dépêchons !
Un-e
enfant :
Un - Deux
Les
enfants (chanté) :
« Cousins,
cousines,
Un gamin, des
gamines,
Devinez qui
on est,
Devinez ! »
Un-e
enfant :
Alors ?
Le
monsieur :
Alors
quoi ? J’en sais rien, moi !
Un-e
enfant :
Bon, attends,
on va t’ chanter la suite.
Le
monsieur :
Ah !
Parc’ qu’en plus c’est pas fini ?
Un-e
enfant :
Ça va pas,
non ?
Allez, écout’
bien !
Les
enfants (chanté) :
« Deux
en Provence,
Deux
en Île-de-France,
Trois
à l’île de La Réunion ! »
Un-e
enfant :
Alors, tu
trouves ?
Le
monsieur :
Ah ! je
trouve, oui je trouve…
Écoutez, j’
trouv’ que c’est trop long !
Voilà si vous
voulez savoir.
Si vous
croyez qu’ les gens qui vous écout’nt vont y comprendre quelque chose…
Un-e
enfant :
Eh,
râl’ pas !
Un-e
enfant :
De
tout’s façons, c’est pas possib’ de d’viner, alors…
Un-e
enfant :
On
t’ laisse quand même une dernière chance…
Le
monsieur :
C’est gentil,
ça.
Un-e
enfant :
Et
après tu donn’s ta langue au chat, promis ?
Le
monsieur :
Promis,
promis, juré, mais chantez, quoi !
Qu’on
en finisse…
Les
enfants
(chanté) :
« J’ai
huit ans… Nous neuf !
Moi
dix ! Moi onz’ ! Moi douze !
Et
moi j’ vais bientôt avoir six ans… »
Le
monsieur :
Six
ans, six ans… Ben… c’est bien,
Mais
c’est pas ça qui m’ dira qui vous êtes !
Alors
p’isque c’est, j’ donne ma langue au chat…
Les
enfants :
Y
donn’ sa langue au chat-e, y donn’ sa langue au chat-e…
Le
monsieur :
Oh,
écoutez !
Taisez-vous,
mais enfin taisez-vous !
Maint’nant
ça suffit…
Alors,
comment vous vous appelez,
Puisque
vous êt’s si malins, tous là, hein ?
Les
enfants :
Ben
nous, on s’appelle :
(chanté)
« Claire
et Sylvaine,
Fanny
et Marie-Reine,
Laure
et Anne et Mathieu,
Laure
et Anne et Mathieu
On
n’a pas froid aux yeux ! »
6.
BERCEUSE CROQUE-LUNE
Sur
un
texte libre (en l’occurrence le refrain de la chanson) de Céline Marol,
6
ans, le reste des paroles et la musique étant de Bernard Haillant.
fin
avril
1978 et février 1979
1
Fillette
adorée
Fillette
riante
Fi de vos
jouets
De vos joues
charmantes
Nous vient un
nuage au vent…
refrain
J’ai croqué
la lune
Parc’ qu’elle
était prune
J’ai croqué
la lune
Elle était
croissant
J’ai croqué
la lune
Tout en
m’endormant
Maman…
2
Fillette
adorée
Fillette
gourmande
Fi de vos
baisers
Lassées vos
attentes
Nous vient
lourd nuage au vent…
3
Fillette
adorée
Fillette
insouciante
Fi de vos
étés
Mettez
houppelande
Nous vient
noir nuage au vent…
4
Fillette
adorée
Fillette
vivante
Filez loin,
filez
Fuyez la
tourmente
Fuyez le
nuage avant
Qu’il
croque la lune…
7.
BING BANG BOUM BOUM !
Paroles
et
musique Bernard Haillant
septembre
/
octobre 1983
On m’a dit
bien des choses
Et conté tant
d’histoires
Que j’appris,
vers ou prose,
Tout ce qu’il
faut savoir,
Des plus
brillants écrits
Jusques aux
moins adroits,
Les plus sérieux
d’entre eux
Côtoyant les
plus fats !
J’ai lu,
c’est un aveu,
J’ai lu, je
vous le dis,
Des livres au
kilo ;
Parcouru les
journaux
Du matin et
du soir ;
Écouté la
radio ;
Tout ouï dans
les bars,
De Barbès aux
Barbades
Et, la puce à
l’oreille,
C’est juré,
camarade,
Surpris tout
ce qui cause
Sous notre
bon soleil,
De kibboutz
en kolkhozes,
D’igloos en
minarets,
D’usines en
bureaux,
De partout il
est vrai !
Dans les
confessionnaux,
Les saunas,
les salons,
De SAMU’s en
boxons ;
Dans les
ports, dans les gares,
Les marchés
et les squares ;
Au cœur des
urinoirs ;
Dans les
cours de récré
Et les queues
des cinés ;
De divans en
alcôves,
De Lacan à
Beethoven ;
Par-delà les
cantiques,
Hymnes,
slogans, drapeaux,
Bravos,
vivats, vétos,
Votes
démocratiques ;
Au sein des
défilés,
Débats et
assemblées ;
En nos
heureux états,
Quel qu’en
soit le diktat ;
De villes en
hameaux,
De limite en
frontière,
Pays froids,
pays chauds,
L’Humanité
entière,
Depuis le
fond des âges,
Rêvant
Justice et Paix,
Amour,
Fraternité
Et autres bons
usages ;
L’Humanité
entière,
Affamée ou
repue,
Habillée ou
bien nue,
Du berceau à
la tombe ;
L’Humanité
entière
Use des mêmes
mots
Crachés comme
des bombes :
– Eh,
dis-donc,
Qu’est-c’ que
c’est ?
– C’est à
moi.
– Gros
menteur…
– Si j’ te l’
dis !
– Prêt’-le-moi…
– Bas les
pattes,
C’est moi l’
chef !
– Ça va
pas ?
J’ suis l’
premier !
– Et
alors ?
– J’ai tout
bon !
– T’as tout
faux !
– J’ai
raison !
– Non, t’as
tort !
– J’ suis l’
plus beau !
– Moi l’ plus
fort !
– J’ suis
Français !
– Toi,
Français ?
– T’en n’as
pas !
– Si j’en
ai !
– Montre un
peu ?
– Fils de
fille !
– Répèt’-le,
Tu vas voir…
Bing bang
boum boum !
C’est la
guerre,
Bing bang
boum boum !
Pan !
T’es
mort !
Bing bang
boum boum !
C’est la
guerre,
Bing bang
boum boum !
Pan !
T’es…
8.
LA GIROUETTE
Paroles
et
musique Bernard Haillant
juin
1977
1
Je suis à
droite, je suis à gauche,
Au sud un
bras et l’autre au nord,
Moi la
girouette qui chevauche
Tous ces
vents qui me donnent tort ;
On me
dit : reste un peu en place,
Tu vas nous
donner le tournis,
On dit :
il faut, tu dois, j’en passe
Et
d’ailleurs, que ne dit-on pas ?
Et moi je
danse comme un nuage,
Et vous
pensez : ce n’est qu’un jeu,
Vous
pensez : l’enfance est volage,
La vie lui
f’ra bien les gros yeux ;
Mais de ma
ronde dans les nuages,
Quelques
petits bateaux de bois,
Eux, s’en
occupent, hissant la voile,
S’en occupent
et j’en suis heureux.
2
Je suis à
droite, je suis à gauche,
Au sud un
bras et l’autre au nord,
Moi la
girouette qui chevauche
Tous ces
vents qui me donnent tort ;
On me
dit : tu d’vrais faire un geste…
On me
dit : inscris-toi ici !
On me
dit : allons, faut, du reste,
Choisir, mais
que ne dit-on pas !
Et moi je
danse comme un nuage,
Moi qui n’ai
plus l’âge du jeu,
Mais j’aime
tant être volage,
Tant pis si
la tête me tourne un peu ;
Car de ma
ronde dans les nuages,
Quelques
petits bateaux de bois,
Eux, s’en
occupent, hissant la voile,
S’en occupent
et j’en suis heureux.
3
Je suis à
droite, je suis à gauche,
Au sud un
bras et l’autre au nord,
Moi la
girouette qui chevauche
Tous ces
vents qui me donnent tort ;
On dit :
tu retournes ta veste !
On dit :
tu ne te mouilles pas !
On dit :
qui n’est pas pour, du reste,
Est
contre ! mais que ne dit-on pas ?
Et moi je
danse comme un nuage,
Bien sûr,
plus vieux, je grince un peu,
Mais, bon
Dieu, je reste volage,
Tant pis si
la tête me manque un peu ;
Car cette
ronde dans les nuages,
Y a des
bateaux qu’ont l’œil dessus,
C’est qu’il
faut bien choisir sa voile
Pour se
garder un cap têtu.
Et ils s’en
vont vers leurs mirages,
Qu’il fasse
beau, fasse gros temps,
Mes chers
bateaux qui n’envisagent
Jamais de
suivre le courant,
Et mes bras
leur font « Bon voyage ! »
Pourvu que
souffle un peu de vent.
Juin 1977
9.
DU FRÊLE ESQUIF
Paroles
et
musique Bernard Haillant
(d’après
le
thème d’une autre chanson faite le 11 juin
1967)
fin
janvier
1978
Du frêle
esquif qu’on appelle jeunesse
Et qui naquit
d’un trop-plein, d’une ivresse,
Que
reste-t-il encor que je connaisse,
Que
reste-t-il quand tant le temps me presse ?
Que de désirs
as-tu tenus en laisse,
Que de désirs
évités de justesse,
Que de désirs
n’as-tu pas mis en pièces,
Désirs si
fous que t’as pas su connaître…
Du frêle
esquif qu’on appelle jeunesse
Jusqu’à celui
plus lourd de la vieillesse,
Combien de
bords faut-il tirer sans cesse
Pour
entrevoir les îles de tendresse ?
Combien
d’amours t’ont-ils tenu en laisse,
Combien
d’amours évités de justesse,
Combien
d’amours n’as-tu pas mis en pièces,
Amours si
beaux que t’as pas su connaître…
Du frêle
esquif qu’on appelle jeunesse
Me vient la
peur et ce cri de détresse :
Fort, aimons
fort, ayons cette faiblesse
Et que la
mort (bis) nous soit une caresse…
Mon bel
esquif, ô ma vieille jeunesse,
Tu tournes en
rond, souvent, mais tu progresses
Et s’il te
reste encor des maladresses,
Mon bel
esquif, c’est que c’est ta jeunesse.
10.
EAU SALÉE
Paroles et
musique
Bernard Haillant
(chanson
pour sanza)
février /
mars 1982
Eau salée
Eau salée
Herbe noire
et mouillée
Eau salée
Coque lisse
et nacrée
Roses lèvres
dentelées
Algues noires
couchées
Eau salée
Eau salée
Rondes lunes
Moites
ravines
Œil lagune
Mangue
sanguine
Eau salée
Eau salée
Coque lisse
Conque glisse
Épousée
Eau salée
Hisse et
griffe
Poisson vif
Épousé
Eau salée
Source noire
ondulée
Eau salée
Verge élance
Et voiles
gonflent
Eau salée
Tendres
vagues
Vague à vague
Épousées
Tendres
vagues
Vague à vague
Épousées
Verge écume
Chaudes
aygues
Chaudes
aygues
Verge écume
Verge écume
Chaudes
aygues
Et cri
d’oiseau
Eau salée
Eau salée…
11.
MUSIKHÈNE
instrumental pour orgue à bouche
12.
BERCEUSE DE L'OISEAU ROUGE
Chanson-patchwork
faite
à partir de textes écrits par Jean-Pierre Collard (dit Jeanpico),
agencés
et
mis en musique par Bernard Haillant
Textes
écrits
vers 1977
Musique :
mars
1982
il était une
fois )
il y a bien
longtemps
) bis
une tristesse
d’enfant )
refrain
ne touchez
pas à l’oiseau rouge
petit
bonhomme
n’aie pas de
peine
ne touchez
pas à l’oiseau rouge
petit
bonhomme
fais de beaux
rêves
1
un p’tit
clown blanc
)
s’est perdu
dans un nuage ) bis
dis-moi
soleil
)
est-il grand
le nuage ? )
j’ai envie
d’être gai
j’ai envie
d’être triste
je veux
entendre la musique
qui fait
pousser les plantes
mais par
temps de nouvelle lune
la lune est
portée disparue
est-ce un
hasard
que le hasard
existe ?
hé magicien
tu as perdu
quelque
chose ?
hé magicien
2
dis maman
pourquoi tu n’ vas pas
aussi jouer
avec le voisin ?
dis maman,
dis maman
qu’est-ce
qu’ils font les lapins ?
dis
maman !
qu’est-ce
qu’ils font les lapins
dans l’
frigo ?
ils dorment
mon petit
)
ils dorment
) bis
j’ai vu à
marée basse )
la plage
pleurer, pleurer ) bis
3
le chemin va
loin
il fait bon
chez toi
il fait bon
chez moi
le chemin va
loin (bis)
une fleur
dans l’herbe
)
avait sa
chemise entrouverte )
bis
une fourmi à
dos d’abeille
traversait le
jardin
la neige
tombait
sans bruit
sans rien
casser
un sourire
est arrivé
à destination
le sommeil
passa
je dormis
dernier
refrain
ne touchez
pas à l’oiseau rouge
petit
bonhomme
n’aie pas de
peine
ne touchez
pas à l’oiseau rouge
on n’
touchera pas
à l’oiseau
rouge
13.
MON COPAIN QU'IMITAIT LES
OISEAUX
Histoire
de
Bernard Haillant.
improvisée
à
partir de février 1980
puis
fixée
ainsi en janvier 1984
J’avais un
copain
Qu’imitait
fort bien les oiseaux
Et tous les
animaux d’ nos forêts.
Et pas
simplement leurs cris, leurs chants
Mais aussi
les mill’ bruits d’ la vie quotidienne…
C’ qui est
beaucoup plus difficile
Mais aussi
beaucoup plus beau !
Bien sûr,
Ça d’mande
beaucoup d’ temps passé à les r’garder vivre !
Beaucoup d’
temps perdu, dit’s-vous ?
Non, non,
tout c’ temps perdu
C’est quelque
chose comm’ de l’amour
Et p’t-être
qu’il faut beaucoup d’amour
Pour bien
imiter les animaux.
Mon copain,
App’lons-le
Domi,
Eh bien Domi,
lui, il avait l’ temps !
Enfin, y
prenait l’ temps,
Parc’ qu’on
n’a jamais que l’ temps qu’on veut bien s’ donner…
Alors, il
passait un’ bonn’ partie d’ ses loisirs
À courir à
travers bois et ch’mins,
Sans souci d’
l’heure ni d’ la saison ;
Et, à
toujours courir ainsi,
Vous pensez
qu’il avait fini par savoir marcher
Sur les
branches et les feuilles mortes
Sans trop les
faire craquer !
Sinon, les
animaux y s’ sauvent,
Et quand
t’arrives, y sont plus là,
Tu n’ peux
donc pas les r’garder vivre !
Va donc les
imiter…
Ah ! il
savait aussi fort bien s’orienter :
Le jour, il
se servait du soleil,
La nuit, des
étoiles
Et, quand l’
ciel était couvert,
Eh bien il se
servait d’ la mousse au pied des arbres.
C’est qu’
dans nos contrées,
Y a un’
certain’ marqu’ de mousse
Qu’indiqu’
souvent le nord / nord-ouest.
– Allez vous
perdre, après ça !
Oh, c’est
vrai qu’ ça n’a plus grande importance
De s’égarer
en forêt…
Y a toujours,
Par les temps
qui courent,
Un d’ ces
droits ch’mins qui vous tend les bras
Pour vous
emm’ner quelque part
Mêm’ si vous
voulez pas y aller, alors !
Alors, le
problème n’est pas là.
Le problème
c’est que,
Quand on s’
perd,
Ça fait
rigoler les animaux…
Oh, d’un rire
particulier !
Un p’tit peu
comm’ les autochtones de certains pays
Lorsqu’ils
voient débarquer les touristes :
Y rigolent, y
rigolent…
C’est pas
pour autant qu’ils s’en font des amis ;
Pour ça, faut
un minimum.
Eh bien… eh
ben c’est pareil chez les bêtes.
Domi, lui,
Il avait c’
minimum ;
Voilà
pourquoi il s’était fait ami
Avec un
animal qui était écureuil
Professionnel !
Quand il
n’avait pas l’ temps d’ lui rendre visite,
Parc’ qu’il
allait ailleurs, un peu plus loin,
Dans d’autres
sous-bois,
Cueillir des
cèpes
Ou je n’ sais
trop quelles drôl’s de plantes,
Eh ben il se
mettait sans l’ sens contraire du vent,
Comme ça, son
copain-écureuil,
Tout malin
qu’il était,
Il l’ sentait
pas v’nir !
Alors il
était pas triste…
Par contre,
Quand il
voulait lui rendre visite,
Là, y s’
mettait dans l’ sens du vent !
Du coup, son
copain,
L’écureuil,
Il l’ sentait
v’nir !
Alors y s’
dépêchait, vite,
D’aller dans
sa cachette
Chercher
quelques noisettes
Pour lui
offrir dès son arrivée…
Seul’ment
voilà
– Faut pas
m’en vouloir, hein ? –
Mais nous
somm’s arrivés à la fin
D’ la bonn’
partie d’ l’histoire.
Et si jamais
la suite vous faisait vraiment trop d’ peine,
Et si
tout’fois c’la pouvait vous consoler,
Dit’s-vous
bien qu’ ça n’ date pas d’aujourd’hui,
Qu’ ça s’est
passé y a fort longtemps,
À une époque
où, voyez-vous,
La nature
était con !
Pensez !
Ell’ n’était mêm’ pas protégée…
Et p’t-être
que les plus anciens d’entre vous
S’ rappell’nt
encore que c’était mal vu
D’aller s’
prom’ner seul,
En forêt,
Lorsqu’on
était jeune ou adolescent.
– Ah, bien
sûr, en groupe et en uniforme,
Là, pas d’
problème,
Tout était
permis…
Y a aussi
aut’ chose qu’était pas rigolo,
En c’
temps-là :
C’est qu’
pour être délinquant,
C’ n’était
pas facile !
– Mais
rassurez-vous, ça a bien changé.
Tenez,
incroyable,
Quand on
habitait la campagne,
Fallait faire
au moins six conneries importantes
Sinon, pas d’
diplôme…
Moi,
j’habitais Nancy
– Vous savez,
ce genre de ville-préfecture
Qui peut
s’enorgueillir
d’un député-maire
Et d’une
université.
Alors là,
déjà, avec quatre conneries
On arrivait à
s’ tirer un p’tit mi-temps ;
Et puis y
avait toujours les privilégiés,
À Paris, dans
certains arrondiss’ments
Et puis dans
certaines périphéries de très grandes villes,
Trois
conneries, hop !
Subventionné,
allez…
Domi, lui,
Il habitait
Nancy,
Comme nous.
Il a fait la
quatrième connerie.
Nous on
n’aurait pas pu :
On était à la
caserne.
Remarquez,
C’est plutôt
une faute d’inattention
Qu’il a
commise.
Ça ! ça
lui pendait au nez,
Sûr qu’ ça
d’vait arriver !
Voilà comment
ça s’est passé.
Un jour,
Comme à
l’accoutumée,
Il était allé
s’ prom’ner en forêt.
Il avait
simplement oublié une chose,
Une toute
petite chose :
C’est qu’
c’était l’ premier jour de la chasse.
Seul’ment,
vous pensez,
Les
chasseurs, eux,
Ils l’avaient
pas oublié !
Et si vous
vous rapp’lez bien,
J’ vous ai
dit que Domi
Imitait fort
bien tous les oiseaux
Et tous les
animaux d’ nos forêts ;
Et pas
simplement leurs cris,
Leurs chants,
Mais aussi les
mille bruits d’ la vie quotidienne,
À tel point
qu’on aurait presque pu croire
Qu’il était
d’venu comme l’un des leurs…
Eh bien,
voyez-vous,
Les
chasseurs, eux,
Ils ne s’y
sont pas trompés,
Alors,
Alors…
Ils l’ont…
14.
UNE MORT DOUCE
Paroles
et
musique Bernard Haillant
27
janvier 1983 et février 1983
(À Gaston Haillant, Crâne-Blanc)
Comme une
flamme qui vacille
Comme une
bougie qui s’éteint
Ainsi qu’une
larme qui sèche
Sur un visage
consolé
Une mort
douce…
Comme s’éloigne
un bruit de pas
Comme une
vague se retire
Comme une
brume se délie
Comme se
taisent les rumeurs
Une mort
douce…
Comme une
idée qui vous échappe
Comme
pâlissent les couleurs
Comme un
dernier rebond de balle
Comme un
bonbon fond dans la bouche
Une mort
douce…
Ainsi qu’une
barque s’échoue
Calme, et que
bruissent les roseaux
Comme aux
doigts des amants qui dorment
Une caresse
suspendue
Une mort
douce…
Comme un
soleil d’été se fane
Comme un épi
trop lourd se penche
Comme la
feuille se détache
D’un arbre
qui reste debout
Une mort
douce…
Comme les
ronds dans l’eau finissent
– Oh !
cette ultime résonance… –
Comme une
douleur lentement
Recule, et
vibre le silence
Une mort
douce…
Comme une
flamme qui vacille
Comme une
bougie qui s’éteint
Ainsi qu’une
larme qui sèche
Sur un visage
consolé
Ell’ vint sur
la pointe des pieds
Et te
prit sans te réveiller…
15.
BALLADE DU VENT QUI PASSE
(Vole jusqu'à ta vigne)
Paroles
et
musique Bernard Haillant.
vers
1975
1
T’es pas dans
ton assiette
T’as un genr’
d’énervement
Comme un trou
dans ta chaussette
C’est
peut-être aussi le vent.
refrain
Vole jusqu’à
ta vigne
Vigneron,
voici le vent,
Et qu’à tes
yeux tu sois digne
Que ton vin
soit bon longtemps.
2
Tes amis sont
moroses
C’est
p’t-être un tiercé perdant
Un’
contredanse ou un’ cirrhose
C’est
peut-être aussi le vent.
3
Ta femme a la
migraine
C’est
peut-être les enfants
La vaisselle
ou les jours qui saignent
C’est
peut-être aussi le vent.
4
Tes enfants
s’ font la malle
C’est
peut-être le printemps
Ou l’
ras-l’-bol d’un’ vie banale
C’est
peut-être aussi le vent.
5
Le monde en a
d’ ces guerres
C’est la
faute aux impuissants
Et puis
merde, y a trop d’ misère
C’est
peut-être aussi le vent.
6
Y en a plein
dans ta tête
Dans la
mienne y en a autant
Du vent à
fair’ des tempêtes
C’est la vie
et chantons gaiement…
refrain ad
libitum