1991
Une oreille dans l'dos - Compilation
Choc du "Monde de la Musique"
CD
RLR 09
1.
Chanson à refaire
Paroles et Musique Bernard HAILLANT
avril 78
1 .Chanson tête en l'air,
Chanson à tort et à travers,
Chanson les pieds dans l'plat,
Chanson dans de beaux draps I
Chanson sans commentaire,
Chanson qu'est pas dans
l'annuaire,
Chanson sans parti pris
Prise en flagrant délire.
R. Chanson à refaire,
Chanson presque sincère,
Chanson qu'a peur de vous !
Chanson à refaire,
Chanson pour pas se taire,
Chanson besoin de vous...
2.Chanson les doigts dans l'nez,
Chanson qui r'garde sans traverser,
Chanson d'mi-pensionnaire,
Chanson qu'a tant b'soin d'air,
Chanson poisson d'avril
Qui d'vrait pas découvrir d'un fil,
Chanson qu'a du talent
Mais qui ment effrontément !
3.Chanson purgatoire,
Chanson putain, chanson trottoir,
Chanson de p'tit' vertu
Chanson qui montre, oh non,
chanson qui n'en peut plus...
Chanson en quarantaine,
Chanson malade, en manque d'antenne,
Chanson moitié cinglée
A prendre ou à blesser,
4.Chanson pour qu'on soit frère,
Chanson qui veut payer son verre,
Chanson poignée de main,
Chanson pour qu'on soit bien ;
Chanson toujours la même
Qui saura jamais dire : je t'aime,
Chanson sans prix d'honneur,
Chanson, allez m'sieurs-dames,
chanson à vot' bon coeur !
D.R. Chanson à refaire,
Chanson presque trop sincère,
Chanson qu'a peur de vous,
Chanson à refaire.
Chanson pour pas me taire,
Chanson besoin de vous...
2.
Femmes, filles
Paroles et Musique Bernard HAILLANT
vers 1973/1974
Amour a des limites
Qui ne sait pas encore
Qu'un long voyage invite
A jeter l'ancre au port.
Vous dansez sur la berge
Et tendez vos mains pleines
Vous qui devenez vierges
Quand le flot nous amène,
Femmes, filles
S'entrouvent vos vingt ans ;
Femmes, filles
De loin vient le bateau,
Merci la vie
II arrivera bientôt.
Amour a des limites
Qui ne sait pas encore
Qu'un long repos invite
A lever l'ancre au port,
Et tu pleures au mouillage
Tes mains vides se joignent,
Les vierges font naufrage
Quand le bateau s'éloigne...
Au gré du vent,
Femmes, filles,
S'éloignent vos vingt ans.
Femmes, filles,
Au loin vont les bateaux,
Fasse la vie
Qu'ils nous reviennent bientôt.
Où que j'aille et je vienne
Tu es là chaque fois
Tant de mains sont les tiennes
Et tu ne le sais pas,
Tu meurs sur cette rive
Mais ris sur d'autres grèves,
Que je parte ou j'arrive
L'amour tombe et se lève...
Comme le vent,
Femmes, filles,
Jour et nuit n'ont qu'un temps,
Femmes, filles,
De loin vient mon bateau,
Mais, c'est la vie
II repartira bientôt...
3.
Les passes sont étroites
Paroles et Musique Bernard HAILLANT
1975
Les passes sont étroites
Mais ton oeil est perçant
Toi qui sais accoster
Aux plus petites plages.
Ainsi d'un étranger
Tu t'es fait un ami
Toi qui de cet ami
Fut le plus beau voyage ;
ALORS SI VOUS ME DEMANDEZ
SI C'EST SI BEAU QUE ÇA LES ILES,
JE CROIS QUE JE VOUS REPONDRAI
REGARDEZ PLUTOT VOTRE VILLE !
Les passes sont étroites
Mais ton oeil est perçant
Toi qui peux vivre en paix
En mêlant tant de races
Des îles et de la Chine
Et de Bretagne aussi
Tes sangs n'ont qu'un seul corps
Pour avoir tant de grâce ;
Les passes sont étroites
Mais ton oeil est perçant
Et tu reconnais bien
La mort quand la nuit tombe
Ainsi tu sais encore
Le vrai prix de la fête
Et tes boites de nuit
Chavireraient le monde ;
Les passes sont étroites
Mais ton oeil est perçant
Toi qui as découvert
Ma faim, mon inquiétude
Toi qui ouvris pour moi
Le fruit d'un cocotier
En deux, comme tes lèvres
Buvant ma solitude ;
ALORS SI VOUS ME DEMANDEZ
SI LÀ-BAS LES FEMMES SONT BELLES,
JE CROIS QUE JE VOUS REPONDRAI :
Coda :
Les passes sont étroites
Mais leur oeil est perçant,
Elles savent accoster
Aux plus petites plages,
Ainsi d'un étranger
Elles font un ami,
Ainsi de cet ami
Elles font un otage.
4.
Mon étrangère
Paroles et Musique Bernard HAILLANT
texte 4.4.69 et 2.5.69
revu, corrigé et mis en musique mars 76 et janvier 77
on s'est foutu tout nu
comme on se fout à table
comme on va à confesse,
de secousse en secousse,
de morsure en morsure
on s'est foutu tout nu,
peau à peau, poil à poil,
des fleurs entre les doigts
on décrochait l'ennui
de chaque pli du corps,
peau à peau, poil à poil
à chaque pli du corps,
et dans l'herbe arrachée
à pleines mains crispées
s'échappaient des grenouilles,
et la large auréole
brunette de ton sein
brillait dans les épis,
et la large auréole
brunette de ton sein
jetait ses farandoles
au plein ciel de mes mains,
et ce téton si dur
mordillé à la belle
dans le vent de mâture...
nos cuisses enlacées,
nos sexes embrassés
entre vents et marées,
est-il plus beau voyage ?
la vague sur ton ventre
s'écrase et se soupire
et s'y brise et rugit
aux cris des goélands
échappés de tes antres,
là-bas sont les falaises,
sont jaunes des ajoncs
tout blanchis d'aubépine
qui renâclent si bon
aux traits des goélands
échappés de tes antres,
sur les parvis déserts
le vent fait la poussière,
et sens-tu sous tes reins
que bois mort s'est brisé,
où sont tes lourds chariots
de plaintes et de chants
charriant les étoiles...
oh toi, mon étrangère,
toi que je n'aimais pas,
où que j'aimais, qu'en sais-je,
toi qui rien ne changeas
de tous mes sortilèges
toi, serais-tu changée ?
5.
Berceuse croque-lune
Sur un texte libre (en l'occurence le refrain de la chanson) de Céline Marol,
8 ans, le reste des paroles et la musique étant de Bernard Haillant
Fin avril 78 et février 79
1. Fillette adorée
Fillette riante
Fi de vos jouets
De vos joues charmantes
Nous vient un nuage au vent...
R. J'ai croqué la lune
Parc'qu'elle était prune
J'ai croqué la lune
Elle était croissant
J'ai croqué la lune
Tout en m'endormant
Maman...
2. Fillette adorée
Fillette gourmande
Fi de vos baisers
Lassées vos attentes
Nous vient lourd nuage au vent...
3. Fillette adorée
Fillette insouciante
Fi de vos ôtés
Mettez houppelande
Nous vient noir nuage au vent...
4. Fillette adorée
Fillette vivante
Filez loin, filez
Fuyez la tourmente
Fuyez le nuage avant
Qu'il croque la lune...
6.
D'une mort douce
Paroles et Musique Bernard HAILLANT
"A Gaston Haillant, Crâne Blanc"
le 27.01.83 et février 83
Comme une flamme qui vacille,
Comme une bougie qui s'éteint,
Ainsi qu'une larme qui sécha
Sur un visage consolé,
Une mort douce...
Comme s'éloigne un bruit de pas,
Comme une vague se retire,
Comme une brume se délie,
Comme se taisent les rumeurs,
Une mort douce...
Comme une idée qui vous échappe,
Comme pâlissent les couleurs,
Comme un dernier rebond de balle,
Comme un bonbon fond dans la bouche,
Une mort douce...
Ainsi qu'une barque s'échoue,
Calme, et que bruissent les roseaux,
Comme, aux doigts des amants qui dorment,
Une caresse suspendue,
Une mort douce...
Comme un soleil d'été se fane,
Comme un épi trop loud se penche,
Comme la feuille se détache
D'un arbre qui reste debout,
Une mort douce...
Comme les ronds dans l'eau finissent
- Oh ! cette ultime résonance... -
Comme une douleur, lentement,
Recule, et vibre le silence,
Une mort douce...
Comme une flamme qui vacille,
Comme une bougie qui s'éteint,
Ainsi qu'une larme qui sécha
Sur un visage consolé,
EII' vint sur la pointe des pieds
Et te prit sans te réveiller...
7.
Le vieil homme
Paroles et Musique Bernard HAILLANT
février 76
1. C'est un vieil homme à moustache jaunie,
Le crâne blanc, le regard de l'enfance,
Rose fanée, foutue machinerie,
Tu as bien su garder ton espérance...
S'en vient le temps,
Vieil homme au coeur si tendre,
Où tu vas passer l'horizon,
S'en vient le temps,
Mais ne peux-tu attendre,
Et nous rester quelques saisons...
2. O mon vieil homme, ô toi dont j'ai rougi,
En ma si bête et si belle jeunesse,
Redis-moi tout des choses de la vie,
Raconte-moi les marées de vieillesse,
Où est le temps,
Vieil homme au coeur si tendre,
Où tu me tenais par la main,
Où est le temps
A cortège de cendres
Qui t'enleva de mon jardin ?
3. Dis, mon vieil homme, en quel pays es-tu ?
Fait-il soleil, fait-il un temps de chien,
Est-ce très loin, est-ce au coin de ma rue,
Est-il si dur ce miséreux chemin ?
Car vient le temps,
Voleur aux doigts de cendre,
Qui me conduit vers l'horizon,
Car vient le temps,
Vieil homme au coeur si tendre,
Où je rejoindrai ta maison.
8.
J'suis
plus un enfant...
Paroles et Musique Bernard HAILLANT
Musique : juin 78 (pour Gaëtus Récoudèges)
Paroles : septembre 83
J'ai vieilli,
J'suis plus un enfant,
J'ai vieilli...
- T'es un grand,
Un parent,
N'est-c'pas, « Monsieur » Haillant ? -
J'suis un grand,
Un parent,
Un monsieur d'quarante ans...
Du vent, des larmes,
Y as-tu goûté ?
Du jeu, des armes,
Y as-tu goûté ?
Du sang, des femmes,
Y as-tu goûté ?
Tout cri, tout flamme,
Y as-tu goûté ?
J'ai vieilli,
J'suis plus un enfant,
J'suis assis
Sur l'autre versant...
- T'es qu'un grand,
Un parent,
T'as mangé ton pain blanc !
J'suis qu'un grand,
De mon temps
Mais, qu'est-c'que j'attends ?
Corps ou âme,
J'ai pas goûté,
Manche ou lame,
Pas goûté !
- Souviens-toi,
Souviens-toi... -
II était un' fois un môme
Qu'aimait la glace à la pistache,
II est maintenant un homme
Qu'en met plein ses moustaches...
.. Bernard,
Couch'-toi, il est tard !
Haillant,
Silenc' dans les rangs !
Monsieur, votre dentition
Est dans un très mauvais état
Et, pour votre punition,
Vous devrez me copier cent fois :
il était un' fois un homme
Qu'aimait la glace à la pistache,
II a maintenant des mômes
Qui s'en font des moustaches...
Ainsi naissent les comptines
Un, deux, trois,
Près de toi...
J'ai vieilli,
J'suis plus un enfant,
J'ai vieilli
Mais, qu'est-c'qui me prend ?
9.
Voilà la vie
Paroles et Musique Bernard HAILLANT
Janvier 1969
1. La vie, qu'est-ce que la vie 7
Un hâle acquis à grande peine
Aux premiers froids vite parti !
Neuf mois d'angoisses et de gênes
Pour un cancer qui pisse au lit,
La vie, c'est ça la vie ?
Ce pari d'absurde cadence,
Ce coup de feu sur la colombe,
Ce mensonge avant le silence,
Ce songe avant la froide tombe,
La vie, qu'est ce que la vie ?
C'est quinze heures de boulot par jour
Et puis les deux pieds sous la table ;
2. Le sas où l'on compte à rebours
Avant le grand saut misérable,
La vie, c'est ça la vie ?
Ce sont les rires avortés
Quand les sirènes font ripailles,
Quand volent trop bas les pavés
Au coeur d'étranges relevailles.
La vie, qu'est-ce que la vie ?
Des années pour qu'un soir enfin
La vague de l'amour me batte ;
3. Et puis la voilà déjà loin,
Elle me glisse entre les pattes
La vie, c'est ça la vie ?
Coda :
Réponds, toi quoi de toi me sèvres,
Toi qui jetas l'ancre à mes reins,
Toi qui m'accostas de tes lèvres
Pour me lâcher au premier grain !
La vie, qu'est ce que la vie ?
Ce m'est survivre en me leurrant
Sur le bouquet d'un vin sans flamme ;
C'est croire en d'utopiques temps
Où l'enfant naîtrait de la femme,
La femme naîtrait du printemps
Et le printemps d'un voeu de l'âme.
Et puis, voilà la Vie...
10.
Petit arlequin
Paroles et Musique Bernard HAILLANT
septembre 1975
Ce matin
Petit arlequin,
Pâle et sans entrain
Comme un jour sans pain,
Ce matin
Petit arlequin,
Miséreux pantin
Chantait son chagrin
- Qui m'a fait si mauvaise mine,
D'un coup de crayon sur mes mots d'amour ?
- Qui t'a fait si mauvaise mine ?
Dis-toi bien
Petit arlequin,
Y a des gens de bien
Qu'ont le coeur hautain,
Dis-toi bien
Petit arlequin,
Y a des bon à rien
Qu'iront très loin.
- Qui a mangé mon blé en herbe,
Ce blé sur ma vie semé tendrement ?
- Qui a mangé ton blé en herbe ?
Dis-toi bien
Petit arlequin,
Y a des gens de bien
Qui envient ton pain,
Dis-toi bien
Petit arlequin,
Y a des bon à rien
Qu'iront très loin.
- Qui a bien pu fermer la cage
Sur mon bel oiseau prêt à s'élancer ?
- Qui a bien pu fermer la cage ?
Dis-toi bien
Petit arlequin,
Y a des gens de bien
Qui te tiennent en main,
Dis-toi bien
Petit arlequin,
Y a des bon à rien
Qu'iront très loin.
- Mais qui a bien pu ronger la corde
Sur laquelle alors tu funambulais ?
- Qui a bien pu couper la corde ?
Ce matin
Petit arlequin,
Quelques bon à rien
Sont allés trop loin,
Ce matin
Petit arlequin,
Y a des gens très bien
Qu'ont du sang aux mains.
Et le p'tit chanteur
A perdu son coeur.
11.
L'enfant nu
Paroles et Musique Bernard HAILLANT
76/77
1. Une fleur nue tendit ses lèvres
Jusqu'à soleil nu plein les lèvres,
R. Alors
Le monde a changé (ter)
Mais ce n'est qu'après (bis)
2.Qu'un homme nu connut les lèvres
De femme nue et douce aux lèvres,
3.Qu'un enfant nu jaillit des lèvres
De femme nue et grosse aux lèvres,
4.Que l'enfant nu ferma ses lèvres
Avec la nuit nue jusqu'aux lèvres,
D.R. Alors
Le monde est mal fait (ter)
Peut-être qu'après (bis)
Après...
12.
Berceuse de l'oiseau rouge
Chanson-patchwork faite à partir de textes écrits par Jean-Pierre Collard (dit Jeanpico),
agencés et mis en musique par Bemard Haillant.
Textes écrits vers 1977
Musique. mers 82
il était une fois
il y a bien longtemps (bis)
une tristesse d'enfant
R. ne touchez pas à l'oiseau rouge
petit bonhomme
n'aie pas de peine
ne touchez pas à l'oiseau rouge
petit bonhomme
fais de beaux rêves
1 .un petit clown blanc
s'est perdu dans un nuage (bis)
dis-moi soleil
est-il grand le nuage ?
j'ai envie d'être gai
j'ai envie d'être triste
je veux entendre la musique
qui fait pousser les plantes
mais par temps de nouvelle lune
la lune est portée disparue
est-ce un hasard
que le hasard existe ?
hé magicien tu as perdu
quelque chose ?
2. dis maman pourquoi tu vas pas aussi jouer avec le voisin ?
(dis maman, dis maman qu'est-ce qu'ils font ?)
dis maman
qu'est-ce qu'ils font
les lapins
dans l'frigo ?
ils dorment mon petit
ils dorment (bis)
j'ai vu à marée basse
la plage pleurer (bis)
3. le chemin va loin
il fait bon chez toi
il fait bon chez moi
le chemin va loin (bis)
une fleur dans l'herbe
avait sa chemise entrouverte (bis)
une fourmi à dos d'abeille
traversait le jardin
la neige tombait
sans bruit
sans rien casser
un sourire
est arrivé
à destination
le sommeil passa
je dormis
D.R. ne touchez pas à l'oiseau rouge
petit bonhomme
n'aie pas de peine
ne touchez pas à l'oiseau rouge (...)
on n'touchera pas
à l'oiseau rouge
13.
Donne-moi une île
Paroles et Musique Bernard HAILLANT
1975
DONNE-MOI UNE ILE (ter)
UNE ILE AMARREE,
Une île amarrée à la rose des vents du sud,
A l'aile doucement déchirée d'un nuage,
Et pour mesurer le temps qui s'offre et se dénude
Le sablier qui coule au ventre de ta plage.
Poisson cru et citron vert
Ton lait de coco
C'est bon pour la peau,
Poisson cru et citron vert
Ton ukulélé
C'est bon pour danser...
Une île amarrée aux points cardinaux de tes membres
A l'aile doucement dénouée de ta robe
Et pour mesurer le temps qu'il m'a fallu t'attendre
Flux et reflux battant au centre de tes globes.
Poisson cru et citron vert
Ton lait de coco
C'est bon pour la peau,
Poisson cru et citron vert
Ton ukulélé
C'est bon pour aimer...
DONNEZ-MOI UNE ÎLE...
14.
Dick le Mélanésien
(Jeune fille de beau rivage)
chanson originale de Dick Bône, paroles françaises de Bernard Hailllant.
1971 et 1976
Prologue
Dick,
Je sais que t'as les bras solides,
Y sont durs comme l'arbre de fer,
Comme le sol de ta Calédonie,
Ton Caillou
Comme tu dis,
Y sont fort à soulever
L'enfer
S'il y en avait un
Ailleurs
Que sur la terre,
Mais il est sur la terre
Dick
Sur ma terre, sur ta terre,
Alors écoute.
Dick le Mélanésien,
Ton caillou tiens le bien,
Tiens le bien ton caillou
Ne le jette pas n'importe où,
Tiens le bien dans tes mains,
Tiens bon Dick le Mélanésien,
Va, laboure ta terre
Et vas-y grossis ton troupeau,
Et les filles de beau rivage
Auront du bon temps jusqu'à la fin de leur âge.
Dick le Mélanésien,
Ton caillou tiens le bien,
Toi qui as voyagé
Tu sais que le monde est blessé,
Continue ton chemin
Tiens bon Dick le Mélanésien,
Va, nettoie tes rivières
Et vas-y pêche ton poisson,
Et les filles de beau rivage
Auront du bon temps jusqu'à la fin de leur âge.
Dick le Mélanésien,
Ton caillou tiens le bien,
On dit qu'il fait si doux
Vivre et chanter sur ton caillou,
Que ce soit vrai demain,
Tiens bon Dick le Mélanésien,
Vas, donne lui courage
Et vas-y donne lui raison
Et les filles de beau rivage
Auront du bon temps jusqu'à la fin de leur âge
Adieu Mélanésien,
Adieu Mélanésienne,
Que votre chanson soit la mienne
Jusque dans mon pays
Qui tellement s'ennuie,
Que ton caillou féconde
Les vieilles pierres d'un foutu monde
Et les filles de tous rivages
Auront du bon temps jusqu'à la fin de leur âge.
15.
Eau salée
Paroles et Musique Bernard HAILLANT
Février/mars 82
Eau salée
Eau salée
Herbe noire et mouillée
Eau salée
Coque lisse et nacrée
Roses Ièvres dentelées
Algues noires couchées
Eau salée
Eau salée
Rondes lunes
Moites ravines
Oeil lagune
Mangue sanguine
Eau salée
Eau salée
Coque lisse
Conque glisse
Epousée
Eau salée
Hisse et griffe
Poisson vif
Épousé
Eau salée
Source noire ondulée.
Eau salée
Verge élance
Et voiles gonflent
Eau salée
Tendres vagues
Vague à vague
Épousées
Tendres vagues
Vague à vague
Épousées
Verge écume
Chaudes aygues
Chaudes aygues
Verge écume
Verge écume
Chaudes aygues
Et cri d'oiseau
Eau salée
Eau salée...
16.
La vie, l'amour, la mort
Paroles et Musique Bernard HAILLANT
Vers 1975
1.II y a du blé, de l'or, du vin de palme
Et ces rivières où s'endort le diamant ;
Dansent les vents, les soleils, les eaux calmes
Et ces grands feux plus beaux qu'à la Saint Jean.
II y a l'enclos où poussent les étoffes,
Le fil de mai et la trame du temps,
Et vont les voiles aux épaules qui s'offrent
S'y pendre et tendre leurs plis indécents.
Y a des jeunesses aux poitrines de pomme
Et d'éternelles vieillesses saillies,
Mêmes cris aux crocs des bêtes et des hommes
Et mille fois recommencée la vie.
R. Découvre-toi (bis)
Mon Inconnu,
Où es-tu ?
Je te cherche,
Montre-toi I
Aide-moi à briser la glace,
J'ai froid,
Si froid,
Je suis dans l'impasse
D'une vie dégueulasse,
Ouvre-moi (bis)
Ton pays de passe,
L'inconnu,
Je serai de ta race,
La race des fous
D'amour,
J'ai froid,
J'ai lourd
Et j'ai tant marché,
Laisse-moi entrer !
2. Et quand il pleut c'est aux vulves vivaces
Et nos enfants s'y ébrouent en riant,
Saigne l'éclair, saigne au sexe l'espace
Jusqu'à frôler leur coeur en frissonnant.
Alors tam-tams, tambours claquent les flaques
En gerbes vives d'amants enlacés,
La danse y sculpte ses torches de Pâques
Et vient jouir à nu ressuscitée.
Y a des sueurs qui suintent à corps fendre
Et des audaces à bander nuit et jour,
Y a des péchés que l'on croque à plein ventre
Et mille fois recommencé l'amour
3. Et tu verras qu'on se bat, ma parole,
Pour se moquer de nos vieilles idées,
Ça fait des morts ruais disons qu'on rigole,
Car au linceul on cueille un nouveau- né.
Lors une femme se lève et se nomme
Et dit : " Mon sein à çui là j'vais donner,
Car y a du lait qui me monte et toi, l'homme,
Tonds-moi l'enfant qu'il y vienne goûter.
C'est de nouveau la fête, la sauvage,
Bien sûr il pleut, y a du blé, y a de l'or,
Y a des chansons, des péchés, des mouillages
Et mille fois recommencée la mort !
17.
Ma province
Paroles et Musique Bemard MAILLANT
Février 67 et mai 73
1 .Ses jambes sont des ponts
D'arabesques couchées,
Chair et marbre veinés
De reflets bleus et blonds,
Reposant où se creusent
Deux reins souples, dociles
Comme sillons fertiles
Dans une terre heureuse ;
Entre eux, c'est l'horizon
Et large, et chaud, et lisse,
Fier de la cicatrice
Qui lui donna un nom,
De ses coteaux qui tissent,
De vignes de caresses,
Ce ventre où nos promesses
Aux vendanges, mûrissent ;
Et là, dômes prospères,
Palpitantes merveilles
Où le ferment sommeille,
Deux silos de mystères,
Seins de miel, peau légère
Emue où bat le coeur,
Et gonflée de bonheur,
De sève nourricière ;
II en naît une gorge
Evasée de se tendre
Aux confins de méandres
Qu'épaule, aisselle forgent,
Avant que d'arriver
Au surplomb qui défend
Ce verger rose et blanc,
Lèvres et fruits donnés ;
2. Et puis, pour me baigner,
Deux lacs bordés de joncs,
Si purs et si profonds
Qu'on hésite à plonger,
Noirs comme la forêt
Qui, de franges, recouvre
Tempes et front, et s'ouvre
Au souffle d'un baiser ;
J'oubliais, par des fleurs,
Par des saules caché,
Jalousement gardé,
Un puits, soif et fraîcheur,
Qui s'exalte à la pluie,
Draine les forces vives
De l'une à l'autre rive,
Et fait jaillir la vie
Coda
Je suis un jeune prince
Qui a bien de la joie
Quand, la première fois,
II parcourt sa province.
18.
Le jour où nous serons vieux
Paroles et Musique Bernard HAILLANT
25 avril 1967
1. Merci pour ce rayon de soleil sur mes lèvres
Qui me délie la langue et m'incite à chanter,
Merci pour cette eau forte qui me guérit ma fièvre
De ses pleines gorgées de vigueur, de santé.
Je t'aime sans savoir et soutire ton lait
Qui me repaït de joie, qui ne saurait tarir,
Jamais tu ne croiras que tu m'as tant donné,
Tu m'as réenfanté et je voudrais te dire
Refrain
Que le jour où nous serons vieux,
Au dernier soir de notre hiver,
Tu sais, tu pourras être fière
D'avoir rendu un homme heureux...
2. Merci pour cette brise qui veut que je respire
Et pour cet ouragan qui redresse mes reins,
Merci pour un seul mot où l'espoir sait sourire
Et pour ces poésies rejaillies de ton sein ;
Pardon si je te pille, si je te mets à nu,
Et s'il me faut ta chair, ton sang pour me nourrir,
Toi, qui toujours me donnes et ne veux de reçu
Quand je n'ai à t'offrir que ces vers pour te dire
Coda
Que le jour ou nous serons vieux,
Au dernier soir de notre hiver,
Tu sais, tu pourras être fière
D'avoir rendu un homme heureux ;
Le jour où les yeux dans les yeux
D'un baiser nous quitterons la terre,
Oh tu sais, tu pourras être fière
D'avoir rendu un homme
heureux.
19.
Du frêle esquif
Paroles et Musique Bemard HAILLANT
Fin janvier 78
d'après le thème d'une autre chanson faite le 11. 6.67
Du frêle esquif qu'on appelle jeunesse
Et qui naquit d'un trop-plein, d'une ivresse,
Que reste-t-il encor que je connaisse,
Que reste-t-il, quand tant le temps me presse ?
Que de désirs as-tu tenus en laisse,
Que de désirs évités de justesse,
Que de désirs n'as-tu pas mis en pièces,
Désirs si fous que t'as pas su connaître...
Du frêle esquif qu'on appelle jeunesse,
Jusqu'à celui plus lourd de la vieillesse,
Combien de bords faut-il tirer sans cesse
Pour entrevoir les îles de tendresse ?
Combien d'amours t'ont-ils tenu en laisse,
Combien d'amours évité de justesse,
Combien d'amours n'as-tu pas mis en pièces,
Amours si beaux que t'as pas su connaître...
Du frêle esquif qu'on appelle jeunesse,
Me vient la peur et ce cri de détresse
Fort, aimons fort, ayons cette faiblesse
Et que la mort nous soit une caresse...
Mon bel esquif, ô ma vieille jeunesse,
Tu tournes en rond, souvent, mais tu progresses
Et s'il te reste encor des maladresses,
Mon bel esquif, c'est que c'est ta jeunesse.
20.
Ça fait grincer des dents
Paroles et Musique Bernard HAILLANT
Octobre 1964
1. Ça fait grincer des dents
De voir sur le trottoir
Une fille qui attend
Et attend tous les soirs
Que les hommes s'amènent
Sans même gentillesse
Et la paient pour sa peine
Refusant la tendresse ;
Ça fait grincer des dents
De voir ces têtes pâles
Fardées plus que décent
Pour cacher leur moral
Et de voir que les mâles
N'en prennent pas ombrage
N'apportent que leur rage
Aux fleurs fanées du mal.
2. Ça fait grincer des dents
De voir sur le trottoir
Un mouflet de six ans
Qui pleur' sans un mouchoir
Parce qu'il a perdu
Une pièc' de vingt sous,
Pour lui c'était bien plus
Qu'un bonbon, qu'un joujou ;
Ça fait grincer des dents
De voir ce gosse pâle
Mâchuré, émouvant,
Qu'on bouscul', qu'on dit sale,
Et de voir qu'on lui crie
Qu'il bouche le passage,
Et de voir qu'on en rit
Disant qu'il n'est pas sage.
3.Ça fait grincer des dents
De voir sur le trottoir
Un clochard qui attend
Et qui se laisse choir
Mal rasé, mal fringué,
Qui tend la main en vain
Avec l'air hébété
Que peut donner le vin
Ça fait grincer des dents
De savoir que cet homme
Etait il y a vingt ans
Un amoureux, un homme,
Mais il a tant souffert
Qu'on lui tue femme et gosse
Qu'il trouva la misère
En attendant la fosse...
4. Ça fait pleurer d'amour
De voir la fille des rues
Embrasser le mouflet,
Retrouver ses vingt sous,
Lui dire des mots gentils,
Repeigner ses cheveux
Et avec son mouchoir
Essuyer ses grands yeux ;
Ça fait pleurer d'amour
De voir le gosse ému
S'en aller, et siffler,
Et donner ses vingt sous
Au clochard qui sourit
Des larmes dans les yeux,
Se dire un au revoir
Et se quitter heureux.
21.
L'homme qui pleure
Paroles et Musique Bernard HAILLANT
Août 82 et février 83
R. Qu'il est beau
L'homme qui pleure
Qu'il est doux
Qu'il est chaud
L'homme qui pleure
Devant vous
1. L'homme qui pleure
Laissez-le faire
L'homme qui pleure
C'est son mystère
L'homme qui pleure
N'est pas fou
L'homme qui pleure
Est en partance
En douleur
Et en naissance
L'homme qui pleure
Tout à coup
L'homme qui pleure
Sans honte aucune
C'est le Pérou
C'est la lune
L'homme qui pleure
Un bon coup
2. L'homme qui pleure
Sanglote et mouille
Corps et coeur
Se débarbouille
L'homme qui pleure
Tout son saoul
L'homme qui pleure
Mouche et trompette
Est à coup sûr
Un prophète
L'homme qui pleure
Jusqu'au bout
L'homme qui pleure
Est un oracle
Un évangile
Un miracle
L'homme qui pleure
Peut beaucoup
3. L'homme qui pleure
Est une atteinte
A la pudeur
Sacro-sainte
L'homme qui pleure
Est tabou
L'homme qui pleure
Vous exorcise
Sa raideur
Et sa bêtise
L'homme qui pleure
Se dénoue
L'homme qui pleure
Est en avance
Sur son temps
Sur ses vacances
L'homme qui pleure
- Est un héros national -
L'homme qui pleure
C'est mieux qu'un mâle
C'est un bonheur
Un scandale
Salvateur
L'homme qui pleure
4. L'homme qui pleure
Est vulnérable
L'homme qui pleure
Est désirable
L'homme qui pleure
Sent l'amour
L'homme qui pleure
A chaudes larmes
L'homme enfin
Jette ses armes
L'homme qui pleure
Veut l'amour
L'homme qui pleure
Est une offrande
Prenez -là
Dieu la lui rende
L'homme qui pleure
C'est l'amour
D. R. Qu'il est beau
L'homme qui pleure
Qu'il est doux
Qu'il est chaud
L'homme qui pleure
Près de vous
22.
Ballade du vent qui passe
(Vole jusqu'à te vigne)
Paroles et Musique Bernard HAILLANT
Vers 1975
1. T'es pas dans ton assiette,
T'as un genr' d'énervement,
Comme un trou dans ta chaussette,
C'est peut-être aussi le vent.
R. Vole jusqu'à te vigne,
Vigneron, voici le vent,
Et qu'à tes yeux tu sois digne,
Que ton vin soit bon longtemps.
2. Tes amis sont moroses,
C'est p't'être un tiercé perdant
Un' contredanse ou un' cirrhose,
C'est peut-être aussi le vent.
3. Ta femme a la migraine,
C'est peut-être les enfants,
La vaisselle ou les jours qui saignent,
C'est peut-être aussi le vent.
4. Tes enfants s'font la malle,
C'est peut-être le printemps
Ou l'ras l'bol d'un'vie banale,
C'est peut-être aussi le vent.
5. Le monde en a d'ces guerres,
C'est la faute aux impuissants,
Et puis merde, y a trop d'misères,
C'est peut-être aussi le vent.
6. Y'en plein dans ta tête,
Dans la mienne y en a autant,
Du vent à faire des tempêtes,
C'est la vie, chantons gaiement.