Bernard
Haillant -Dimanche 31 mars, Grand Théâtre
Tout
seul sur une grande scène face à une salle archi-comble (mille places) : l'épreuve
de vérité pour un artiste plus habitué aux petits lieux ; mais une épreuve
couronnée de succès, consacrant la dimension populaire d'un chanteur qui joue
à merveille du cœur et de l'humour... sans oublier une palette riche
d'instruments divers (la sanza, notamment). Bernard Haillant a tous les talents,
celui de l'homme de scène, du chanteur dont la voix, flexible à souhait,
rauque, chaude et vibrante, fait dresser le poil sur le bras, de l'auteur-compositeur
enfin au répertoire bien plus qu'intelligent, astucieux.
Ainsi
de ce nouveau titre, "Que sont nos ennemis devenus ?" — ou "La
vie vaut-elle d'être vécue?" —qui le fait imaginer un monde tournant
rond, où l'on aspire seulement au malheur : une charge antimilitariste et
antiraciste irrésistible. Oui, l'humour, quand la poésie s'y mêle, est bien
l'arme la plus efficace. Dans ce spectacle de trois-quarts d'heure, une ancienne
chanson de Bernard a brusquement sonné très "actuel" : "Dick le
Mélanésien", avec — s'adressant à un natif de Nouvelle-Calédonie, sur
fond de folklore local — ce conseil prémonitoire : "Tiens-le bien ton
Caillou, ne le jette pas n'importe où..."
Un
passage un peu court. certes, mais bon, très bon... qui aura mis en évidence
—répétons-le —
les
virtualités populaires d'un artiste original et chaleureux. Les salves
d'applaudissements qui ont ponctué son récital en sont la preuve.